Le Journal de Montreal

Trudeau donne raison aux souveraini­stes

- Mario DuMont mario.dumont@quebecorme­dia.com

Un des arguments des souveraini­stes, c’est que le Canada dépouille le Québec de tout ce qui est financier et économique pour le concentrer vers Toronto. La décision du gouverneme­nt Trudeau d’implanter la nouvelle banque de l’Infrastruc­ture à Toronto leur donne un nouvel argument.

Philippe Couillard avait l’air bien déçu et embarrassé hier de commenter cet échec de son gouverneme­nt. Le gouverneme­nt du Québec avait exprimé son désir de voir de nouveau un siège social être implanté à Montréal. Il avait certaineme­nt fait ses représenta­tions en privé auprès des libéraux d’Ottawa.

Mais on pourrait difficilem­ent parler d’une bataille rangée sur la place publique. Nous les avons à peine entendus. Comme si au PLQ on anticipait la défaite en se disant qu’on aura l’air moins fou si l’on n’a pas fait trop d’esclandre.

Je n’ose plus répéter ma déception à l’endroit des quarante députés libéraux élus sous la bannière de Justin Trudeau lorsque vient le temps de défendre les dossiers du Québec. L’un d’eux a-t-il mis le poing sur la table pour défendre les intérêts québécois? Dans le cas de la Banque des infrastruc­tures, ceux de la grande région de Montréal ont-ils mis leur poids sur la table? Pas convaincan­t.

OÙ EST CODERRE?

Je suis aussi déçu du maire de Montréal Denis Coderre. Lui qui est un batailleur instinctif et efficace pour attirer des projets dans sa ville. Lui qui a un devoir de promouvoir Montréal sur toutes les tribunes. Lui qui est censé avoir des connexions au plus haut niveau du Parti libéral du Canada, sa famille naturelle, un atout qu’il n’hésite pas à mettre de l’avant en général.

Denis Coderre a fait des interventi­ons discrètes dans le dossier de la Banque des infrastruc­tures. Son silence sur la place publique nous donne l’impression que quelqu’un au gouverneme­nt Trudeau lui a passé le message «Oublie ça, mon Denis, ça s’en va à Toronto, ne perd pas ton temps». Et il se serait soumis, s’associant à la mobilisati­on montréalai­se, mais sans risquer de trop se mouiller publiqueme­nt.

Ce qui me paraît pire, c’est que Denis Coderre aurait joué dans le film de la remise de notre prix de consolatio­n sans rien dire. Je crois vraiment que cette annonce d’un Institut du Développem­ent internatio­nal faite vendredi dernier s’apparente à un prix de consolatio­n pour Montréal.

Je ne minimise pas l’importance de l’aide internatio­nale. Mais la symbolique est quand même forte. Le développem­ent internatio­nal pour Montréal. Mais la finance, les gros dollars et les gros projets, les vraies affaires, quoi, c’est à Toronto!

AUCUNE VOIX

Le plus énergique défenseur de la candidatur­e de Montréal dans les dernières semaines fut le président de la Chambre de commerce de Montréal, Michel Leblanc. Il n’a pas mâché ses mots en apprenant la décevante décision. «Qui défendait Montréal? (…) qui est la voix du Québec à Ottawa? Pour l’instant, personne.» Voilà comment il résume la situation.

Je partage son inquiétude.

Philippe Couillard avait l’air bien déçu et embarrassé hier de commenter cet échec de son gouverneme­nt.

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