Les premiers pas de Macron
Les médias français ont abondamment commenté la mise en scène de l’arrivée d’Emmanuel Macron au Louvre, après son élection dimanche.
Évoquant François Mitterand, qui avait fait la même chose au Panthéon lors de son investiture en 1981, on a pu voir le nouveau président marcher longuement vers le podium. On cherche à donner l’impression que le politicien se transfigure sous nos yeux en monarque élu de la République.
VISION JUPITÉRIENNE
Emmanuel Macron dit croire à une vision « jupitérienne » de la présidence. De son Olympe élyséen, le président devient alors un arbitre qui n’intervient pas dans le quotidien de la gouvernance et commente peu son action.
On cherche ainsi à rompre avec l’exubérance de Nicolas Sarkozy ou la normalité de François Hollande, qui ont toutes deux déplu aux Français. Pas sûr toutefois que ceux-ci veuillent renouer avec l’autorité de Charles de Gaulle, alors que 40 % des voix du premier tour sont allées à Jean-Luc Mélenchon l’insoumis ou Marine LePen la frontiste.
ALLERGIQUES À LA HIÉRARCHIE
On peine à imaginer la même chose au Québec. D’abord, dans notre système, le plus haut responsable politique est chef du gouvernement, pas de l’État. Il a nécessairement les deux mains dans les affaires courantes.
On est aussi plus porté à choisir notre premier ministre sur la base de notre inclinaison à prendre une bière avec lui plutôt que pour la grandeur de ses capacités. Ça ne favorise pas la hauteur républicaine.
Plus généralement, et c’est sain que ce soit comme ça, les sociétés du Nouveau Monde sont moins enclines à être gouvernées et plus allergiques à la hiérarchie.
Les premiers pas d’Emmanuel Macron doivent donc s’analyser dans le contexte de la France. On peut toutefois douter que son peuple, épuisé des privilèges, ait beaucoup d’appétit pour les ambitions jupitériennes de son jeune président.