Richard Guay écorche Québec et l’avionneur

Dans une rare sortie publique, l’ancien numéro un de la Caisse de dépôt et placement du Québec Richard Guay (20082009), aujourd’hui professeur de finance à l’ESG UQAM, décoche des flèches à l’endroit de Québec et de Bombardier. Il dit toutefois croire encore au succès financier du fleuron québécois du transport.

L’ancien patron du bas de laine des Québécois ne comprend pas pourquoi Québec a investi 1,37 G$ dans la C Series sans rien demander en retour.

«Je ne sais pas qui a conçu ce contrat, mais il y a clairement des arguments autres que financiers qui ont pesé dans la balance», répond-il du tac au tac au Journal quand on lui pose la question. Il déplore que Québec ait volé au secours de l’avionneur sans exiger aucune forme de contrôle en échange.

Selon lui, le fédéral a adopté une position beaucoup plus sage en prêtant de l’argent et en demandant d’être remboursé par la suite.

Richard Guay estime aussi que la rémunération des patrons actuels est incompatible avec les résultats de l’entreprise. «Je peux comprendre les gens qui marchent dans la rue», va-t-il même jusqu’à dire.

Bien qu’il n’y ait rien d’illégal là-dedans, M. Guay trouve dérangeant de voir qu’un président de conseil gagne un salaire 90 % trop élevé. Selon la firme Korn Ferry, la rémunération du président du conseil d’administration dépasse rarement les 500 000 $ au pays. Les entreprises qui le payent plus de 500 000 $, comme CN ou Saputo, sont très rentables, observe-t-il.

HAUSSE DU PRIX DE L’ACTION DE 60 %

Malgré ce contexte, l’ancien chef de la Caisse dit croire à la rentabilité prochaine de Bombardier. Selon lui, Bombardier peut, de façon réaliste, atteindre ses objectifs de 25 G$ de ventes, d’ici 2020.

La marge bénéficiaire visée de 7 % est envisageable, pense M. Guay.

«On peut penser que la valeur de son action passera de 2,30 $ à 3,69 $, qu’elle haussera de 60 %. Ce n’est pas la mer à boire, c’est vrai. Ce n’est pas Facebook et Apple, mais c’est déjà ça», note Richard Guay.