BON DÉBARRAS
Déporté après avoir échappé à un procès pour meurtre
Le Montréalais d’origine srilankaise accusé d’avoir égorgé sa femme, mais qui a évité un procès à cause des délais judiciaires, demande maintenant d’être renvoyé «le plus rapidement possible» vers son pays natal.
«J’ai déjà passé cinq ans en prison», a lancé, l’air blasé, Sivaloganathan Thanabalasingham, hier, lors de son retour devant la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR).
«Je n’ai pas d’enfant. Je ne sais pas pourquoi je suis encore en prison [en attendant sa déportation], alors je veux retourner dans mon pays», a-t-il dit.
Thanabalasingham est détenu depuis août 2012 pour le meurtre de sa femme, Anuja Baskaran. Le mois passé, le réfugié sri-lankais a toutefois profité d’une interruption des procédures en vertu de l’arrêt Jordan, qui limite les délais avant qu’un accusé ne soit jugé.
Mais il n’a pas pu profiter de sa liberté, puisqu’il fait face à une mesure de renvoi, en raison des voies de fait qu’il avait commises envers sa femme de 21ans, dans les mois précédant le drame fatal.
Le présumé meurtrier de 32 ans en appelait de cette décision, ce qui lui aurait donné un sursis de quatre ans avant d’être expulsé du pays.
Mais dans un revirement de situation, il a annoncé hier devant la CISR qu’il se désistait de son appel. Cette volte-face est survenue alors que Thanabalasingham a déjà essuyé deux refus de libération.
VICTIME BLÂMÉE
«C’est arrivé une fois d’être violent, c’est correct, avait-il dit la première fois. Ce n’est pas tous les jours et avec tout le monde. C’était à cause d’une personne et cette personne n’est plus là.»
Il avait aussi critiqué la victime qui le «provoquait». Son seul regret est d’avoir été envoyé en prison, et il voulait maintenant être libéré et profiter de la vie.
À la deuxième audience, son frère avait aussi lancé tout le blâme sur la victime, car elle avait appelé la police quand elle se faisait battre.
La belle-soeur du meurtrier allégué, qui avait accepté de l’héberger en cas de libération, avait confié qu’elle ignorait pourquoi Thanabalasingham avait passé toutes ces années en détention. Elle avait aussi lancé des reproches à la défunte.
ENCORE DES DÉLAIS
«Mon frère est venu, mais le commissaire n’a pas voulu me libérer, a expliqué Thanabalasingham hier. C’était ma garantie [à offrir pour être libéré], je n’ai rien d’autre.»
Malgré son désir de retourner au Sri Lanka, Thanabalasingham pourrait encore rester quelque temps au Canada, le temps de passer à travers plusieurs étapes administratives, dont le retrait de son statut de réfugié.
La Couronne dans la cause de meurtre a fait appel de l’arrêt des procédures, si bien qu’il existe une possibilité que le meurtrier allégué doive subir un procès.
D’ici là, il restera détenu. Une nouvelle audience sur la révision de sa détention devrait avoir lieu dans un mois.
«Si vous coopérez, votre départ se fera plus tôt que tard», a conclu le commissaire, François Milo.