Le Journal de Montreal

UNE CHANCE QU’ELLES SONT LÀ

Des infirmière­s hors de l’ordinaire

- PIERRE-PAUL BIRON

WEMOTACI | Tout quitter pour aller travailler dans une communauté autochtone de 1400 âmes située à 115 km de la ville la plus près peut paraître hors du commun, mais c’est le pari qu’a fait Martine Beaulieu en choisissan­t de travailler à Wemotaci. Un saut vers l’inconnu rempli de surprises qui l’a amenée à conduire elle-même ses patients en ambulance .

Aux deux semaines, Martine Beaulieu quitte Trois-Rivières au volant de sa voiture en direction de la petite communauté atikamekw, située à 280 kilomètres de chez elle. Les 115 derniers kilomètres se font sur un sinueux chemin forestier accidenté, engouffré dans les bois. Il n’y a aucun doute, le dépaysemen­t est total. En traversant le petit pont à l’entrée de la communauté pour la première fois en 2015, c’est un autre monde qui s’est ouvert à l’infirmière.

Au Centre de santé, son rôle se fait dans une perspectiv­e élargie qui a de quoi surprendre.

«Quand on dit rôle élargi, je vous garantis que ce l’est», lance celle qui est notamment responsabl­e du programme de santé maternelle de l’endroit.

AUTRE RÉALITÉ

«On a une ambulance, mais pas d’ambulancie­rs!, ditelle. Quand il y a des urgences à domicile, c’est nous qui sortons pour aller les chercher. Ça nous amène à vivre un paquet d’expérience­s qu’on n’aurait jamais vécues ailleurs.»

C’est de ce genre de dépaysemen­t qu’avait besoin Martine Beaulieu après plusieurs années de pratique à l’hôpital de Trois-Rivières.

Son premier contact avec les autochtone­s s’est fait en 2012 alors qu’elle a laissé son emploi pour aller travailler dans la réserve d’Obedjiwan, au nord du Lac-SaintJean.

Elle a rapidement compris que, dans une communauté autochtone, tout est différent.

«On n’a pas de médecin en continu ici. On a accès à ceux de La Tuque, mais par téléphone ou par fax. Nous sommes donc ses yeux et ses oreilles, dit-elle. On doit toujours être en contrôle. Ce sont des défis que l’on n’a pas en ville», explique l’infirmière qui se réjouit de cette autonomie.

MINORITÉ VISIBLE

Malgré ce rôle primordial qu’occupe l’infirmière, son intégratio­n a représenté un défi dans la petite communauté où elle était «une minorité».

«Quand tu arrives ici, les gens sont un peu sur la défensive. Ils t’observent beaucoup. Tu es la nouvelle et tu dois faire tes preuves, gagner la confiance des gens», raconte-t-elle.

Un an et demi après son arrivée, elle se sent maintenant à la maison. «J’ai deux chez-moi maintenant», confie-t-elle.

Craignant la violence à son arrivée en raison de tout ce qui est véhiculé sur la vie dans les communauté­s autochtone­s, Martine Beaulieu estime aujourd’hui que cette expérience lui fait découvrir une culture et une collectivi­té attachante­s.

«Ce qui ressort, c’est le négatif. Le positif de la communauté, on n’en parle pas. Il y a plein de bon monde ici, plein de projets tripants pour les jeunes, pour le sport, mais on parle juste des problèmes de consommati­on et d’abus», se désole l’infirmière, qui espère voir d’autres profession­nels se dédier corps et âme en région éloignée, comme elle le fait depuis maintenant cinq ans.

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Au Centre de santé de Wemotaci, Martine Beaulieu voit son rôle d’infirmière être élargi de beaucoup. «On a une ambulance, mais pas d’ambulancie­rs! Quand il y a des urgences à domicile, c’est nous qui sortons pour aller les chercher».
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