Difficile retour à la maison
Des sinistrés impatients de rentrer doivent toutefois rebrousser chemin
GATINEAU | Des sinistrés pressés de regagner leur demeure ont dû rebrousser chemin, hier à Gatineau, puisqu’un tronçon d’une rue touchée menace de s’effondrer.
Jean-Pierre Richard voulait aller porter deux pompes à eau dans la maison désertée de sa mère de 94 ans hier, afin d’entamer les travaux de nettoyage, maintenant que le niveau de l’eau a considérablement baissé. Mais il s’est heurté à un barrage policier.
PASSAGE BLOQUÉ
Même si la rue en bordure de la rivière des Outaouais était redevenue pratiquement sèche, les autorités ont décidé de bloquer le passage aux véhicules par mesure préventive puisqu’un tronçon de la route risque de s’affaisser.
«C’était bloqué. Je ne peux pas transporter ça à la main à l’âge que j’ai. Maintenant, je tente de négocier pour pouvoir passer en quatre roues», dit M. Richard, 69 ans.
S’il était calme, ce n’était pas le cas de tous. Selon nos informations, au moins deux cas de rage de résidents impatients de regagner leur maison et de constater les dégâts ont eu lieu en avant-midi hier devant les barrières qui bloquaient le passage.
STATUETTE DE JÉSUS
Madeleine Bastien a accepté de se rendre en kayak et de prendre en photo la résidence de Jean-Guy Carrière, un septuagénaire mort d’inquiétude et pas assez en forme pour aller constater les dommages par lui-même.
Impuissant, M. Carrière a quitté sa demeure il y a bientôt deux semaines.
«J’avais 26 ans quand j’ai construit cette maison de mes propres mains. J’y ai passé ma vie. J’ai fait mes trois enfants dans cette maison. Lorsque l’eau a commencé à monter, j’ai pris ma statuette de Jésus que j’ai depuis toujours près de mon lit, je l’ai mise en lieu sûr et j’ai regardé en haut en priant», confie l’homme de 79 ans.
D’autres sinistrés du secteur ont pu se rendre à leur résidence, mais à pied.
Une canne à la main, avec du mal à marcher, Raymond Bigras s’est aventuré à la marche jusqu’à sa résidence qu’il a quittée il y a plus d’une semaine et il a constaté la gravité de la situation.
«Ça ressemble à un sac à poubelle. Mon coeur pompe, j’en ai de la misère à parler. Je suis venu au monde dans le quartier», a partagé l’homme de 79 ans, à bout de souffle.