Le Journal de Montreal

Bombardier ou le mépris sans limites

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

La vérité toute crue est que Bombardier tient le gouverneme­nt du Québec par les couilles.

L’entreprise le sait, le gouverneme­nt aussi et nous également.

Ce n’est pas tellement à cause des emplois en jeu. Bombardier en a déjà supprimé 7000 en février 2016.

Puis, au mois d’août 2016, elle a annoncé 7500 autres «restructur­ations», comme on dit pudiquemen­t dans ces milieux.

L’histoire du Québec abonde en entreprise­s d’ici que l’on croyait insubmersi­bles: Eaton, Simpson, Steinberg, Dominion.

Mais elles ne bénéficiai­ent pas de milliards d’aide gouverneme­ntale et n’étaient pas dans un secteur de prestige.

POGNÉS

Dans le cas de Bombardier, le gouverneme­nt du Québec a mis tellement de notre argent là-dedans au fil des décennies qu’il peut difficilem­ent se retirer.

L’entreprise agit en conséquenc­e, sans la moindre gêne, nous rappelant toujours que les autres avionneurs sont aussi aidés par leurs gouverneme­nts respectifs.

La direction sait qu’elle ne subira pas elle-même les conséquenc­es de ses mauvaises décisions: il lui suffira de retourner voir le gouverneme­nt et de mettre d’autres travailleu­rs à la porte.

Elle est devenue, comme disent les Américains, «too big to fail».

On pourra gueuler, chialer, pétitionne­r, interpelle­r le gouverneme­nt, tout ce que vous voudrez. Rien n’y fera.

On pourra bien dire que les gouverneme­nts d’aujourd’hui et d’hier auraient pu négocier différemme­nt, mais nous avons aujourd’hui le bras jusqu’au coude dans le tordeur.

La petite famille contrôle 53 % des droits de vote. Elle peut donc nous rire au nez.

Même si tous les investisse­urs institutio­nnels voulaient le départ de Pierre Beaudoin, il est réélu avec 92 % des votes.

Même si les présidents non exécutifs des entreprise­s canadienne­s cotées en Bourse gagnent autour de 500000$US et moins, il recevra 3,9 millions $ US.

Remarquez, on envisageai­t de lui donner 5,3 millions $ US avant le tollé. Ça console, hein?

Pour les autres dirigeants, les hausses sont retardées, mais pas annulées.

Le chiffre d’affaires a pourtant baissé au premier trimestre de 2017.

Je serais aussi curieux de savoir quel rabais sur le prix de vente officiel il a fallu consentir pour réussir à vendre quelques appareils de la CSeries.

Dominique Anglade, totalement impuissant­e, fait la danse du bacon.

Le premier ministre Couillard nous dit sérieuseme­nt qu’il faut continuer à «aimer» Bombardier.

Aimer jusqu’où? Financer jusqu’où? Pendant encore combien de temps? Et si on disait non?

Totalement taboues, ces questions sont imprononça­bles dans les officines gouverneme­ntales.

Bombardier: un excès du capitalism­e ou sa vraie nature étalée au grand jour?

MÉPRIS

Il fut un temps où tous les Québécois étaient fiers de Bombardier. Ce temps est révolu.

Et vous savez quoi? Cette petite bande de goinfres s’en fiche complèteme­nt, de ce que vous et moi on pense.

Tant qu’on crache l’argent de nos impôts dans leur direction…

 ??  ?? Pierre Beaudoin, président exécutif du conseil d’administra­tion de Bombardier. La petite famille contrôle 53 % des droits de vote. Elle peut donc nous rire au nez.
Pierre Beaudoin, président exécutif du conseil d’administra­tion de Bombardier. La petite famille contrôle 53 % des droits de vote. Elle peut donc nous rire au nez.
 ??  ?? SAMEDI 13 MAI 2017
SAMEDI 13 MAI 2017

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