Libéré du pénitencier alors que sa tête est mise à prix
Plusieurs comparses de cet ancien chef de la mafia ont déjà été assassinés
Bien que sa tête soit mise à prix, l’ancien chef de la mafia montréalaise Francesco Arcadi vient de quitter les barreaux de sa cellule afin de poursuivre son purgatoire en maison de transition.
l∫ Le controversé mafioso de 63ans a été discrètement libéré du pénitencier de Drummondville le 4 mai par le service correctionnel fédéral, a appris Le Journal.
Il devrait passer les deux prochaines années en libération sous surveillance jusqu’à l’expiration de la peine de 11 ans d’incarcération dont il a écopé en 2008, à la suite de l’opération Colisée menée par la GRC.
Partisan de la ligne dure qui ne faisait pas l’unanimité dans le monde mafieux, Arcadi bénéficiait du droit à sa libération d’office depuis le mois de février 2016, ayant purgé les deux tiers de sa sentence.
Mais le premier séjour en maison de transition du Calabrais qu’on surnommait «Compare Franco» n’avait pas duré trois semaines, l’an dernier.
SON LIEUTENANT ABATTU
Les autorités fédérales avaient rapatrié Arcadi au pénitencier pour sa propre sécurité après que son lieutenant, Lorenzo Giordano – également condamné dans l’opération Colisée – eut été criblé de balles, le 1er mars 2016, à Laval. Giordano avait lui aussi été transféré en maison de transition à peine un mois et demi plus tôt.
Arcadi et son ex-complice Francesco Del Balso sont les deux seuls survivants parmi les six leaders du clan Rizzuto appréhendés en 2006 dans ce coup de filet de la GRC.
Samedi dernier, deux cagoulards armés ont fait irruption au domicile de Del Balso, à Laval, en demandant à le voir. En son absence, ils s’en sont pris à sa conjointe et à deux de ses fils.
Del Balso, libéré il y a deux mois à condition de porter un bracelet électronique permettant aux autorités de suivre ses mouvements, a depuis été ramené au pénitencier.
Nicolo Rizzuto – père du défunt parrain Vito Rizzuto – et un autre chef intérimaire de la mafia, Rocco Sollecito, ont été assassinés, tandis que l’ancien consigliere de la mafia, Paolo Renda, a été kidnappé en 2010 sans être revu vivant.
PAS DE CRAINTE
Arcadi a affirmé «n’avoir aucune crainte pour (sa) sécurité en communauté», relatait la Commission des libérations conditionnelles du Canada en février 2016.
On ne lui avait pas permis de retourner chez lui, où il disait vouloir «entretenir un jardin, élever des animaux» et bénéficier d’une «vie familiale paisible».
Un an plus tôt, Le Journal rapportait qu’Arcadi et Giordano avaient pourtant avisé des dirigeants mafieux de leur intention de «reprendre le contrôle» du crime organisé italien dès leur libération.
Le court règne d’Arcadi sur la mafia, de 2004 à 2006, a non seulement pris fin avec le grand coup porté par la GRC, mais a aussi coïncidé avec le début d’une longue série d’assassinats qui déchire ses rangs.