Sans doigts ni orteils, elle n’a plus d’aide
Depuis 18 ans, le gouvernement lui payait une femme de ménage
ACTON VALE | Une dame de 79 ans qui n’a ni doigts ni orteils doit se battre pour ravoir les quelques heures de services ménagers à domicile gratuits qu’elle avait depuis 18 ans, mais qui lui ont été coupées.
«Je trouve ça injuste», laisse tomber Lorraine Mageau Gagnon.
L’automne dernier, cette dame de 79 ans dépourvue de doigts et d’orteils a été informée qu’elle n’avait plus droit aux deux heures d’entretien ménager à domicile gratuit dont elle bénéficiait toutes les deux semaines.
Une préposée d’une coopérative de Saint-Hyacinthe venait passer sa balayeuse, laver son plancher et nettoyer sa salle de bain. Les frais étaient assumés par le CLSC d’Acton Vale.
À la suite de cette rupture de service, Mme Mageau Gagnon a payé les frais pour le ménage bimensuel jusqu’à ce que la préposée quitte son emploi. La septuagénaire n’a pas réussi à la remplacer.
MIRACULÉE
«Pour le ménage, j’ai absolument besoin d’aide», assure celle qui a perdu son mari il y a trois ans.
Les doigts et les orteils de cette résidente d’Acton Vale ont été amputés il y a 18ans à la suite d’un pneumocoque et d’un choc septique.
«On dit que je suis une miraculée. [...] Je ne demande pas grand-chose. Si je dois aller dans un centre de personnes âgées, ça coûtera beaucoup plus cher», s’exclame cette femme, active malgré tout.
Aujourd’hui, elle réussit à tenir un crayon et à se maquiller, mais son handicap l’empêche de manipuler une balayeuse.
«Je suis une battante, mais je trouve malheureux de devoir me battre pour ces services», exprime celle qui ne veut pas se mettre à dos le CLSC.
PAS D’EXPLICATION
Découragée, Mme Mageau Gagnon a rencontré son député, André Lamontagne, qui a tenté d’obtenir en vain une explication. Le député caquiste de Johnson a été transféré à plusieurs intervenants du CLSC pour finalement recevoir un message qui invitait la dame à s’adresser à la Commissaire aux plaintes. Le document a été envoyé la semaine dernière.
Son homologue de la CAQ, François Paradis, comprend mal la situation.
«Son état n’a pas changé et ses besoins sont les mêmes. Pourquoi lui retirer cette aide dont elle a besoin?», poursuit-il.
Selon le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est, la clientèle dont les besoins sont uniquement en aide à la vie domestique n’est pas admissible à ces services de soutien à domicile.
«Ces personnes doivent être dirigées vers une entreprise d’économie sociale en aide domestique», explique la conseillère en communication, Catherine Latendresse.
Une évaluation détermine leur admissibilité ou non à une exonération financière. En cas de refus, un accès à des services d'aide domestique à coût abordable est offert.
Le Centre de santé a été incapable hier de dire si les critères avaient changé.