Le Journal de Montreal

Les diabétique­s en colère contre des coupes

Le gouverneme­nt a diminué le nombre de bandelette­s remboursée­s

- CAThERiNE MONTAMbEAU­LT

Des diabétique­s sont révoltés par une nouvelle mesure du ministère de la Santé qui les oblige à débourser pour les bandelette­s servant à tester leur glycémie.

«Les bandelette­s, ce n’est pas un luxe. Garder un petit enfant en vie, ce n’est pas un luxe. Ce que le gouverneme­nt fait en ce moment, c’est rapace, c’est vraiment bas», déplore Hugo Lévesque, père de Léo, un garçon diabétique de sept ans.

Depuis trois semaines, les diabétique­s traités à l’insuline ont droit à 3000 bandelette­s remboursab­les par année, soit environ huit par jour. Une fois cette limite franchie, ils doivent payer jusqu’à 0,89$ par bandelette.

Les bandelette­s sont utilisées pour réaliser des tests de glycémie, qui permettent de vérifier le taux de glucose dans le sang.

Hugo Lévesque estime que son fils utilise près de 4500 bandelette­s par an. L’enseignant de Saint-Jérôme devra donc dépenser environ 1000 $ de plus par année.

Seules les personnes assurées par le régime public d’assurance médicament­s sont concernées par ces changement­s.

«C’est de s’attaquer à du monde déjà plus démuni», souligne M. Lévesque.

MEILLEURE UTILISATIO­N

Le gouverneme­nt indique avoir agi pour favoriser une meilleure utilisatio­n des bandelette­s. Mais Diabète Québec et des parents sont d’avis que la limite fixée est trop basse, particuliè­rement pour les enfants atteints de diabète de type 1.

Il explique que pour se limiter à huit bandelette­s, son fils ne devrait faire aucune hypoglycém­ie, c’est-à-dire que son taux de sucre sanguin ne descende jamais trop bas.

«Une journée parfaite répondrait aux exigences du gouverneme­nt, qui est de huit tests de glycémie par jour. […] Mais depuis trois ans, jamais, pas une seule fois, nous avons eu une journée parfaite», note-t-il.

Michèle Damouny arrive au même constat. La femme de Drummondvi­lle est mère d’un garçon diabétique de neuf ans.

«Si c’est une journée normale sans sport, on prend environ 10 ou 11 glycémies, ditelle. Mais moi, je suis maman d’un grand sportif, alors quand Gabriel a de l’éducation physique ou qu’il joue au hockey, ça peut aller jusqu’à 16-17 tests par jour.»

Or, le sport prévient et guérit le diabète, selon des experts. «C’est comme si on disait à mon enfant de faire moins de sport parce qu’il est diabétique, s’indigne Michèle Damouny. Au lieu d’encourager les enfants diabétique­s à bouger, on fait le contraire.»

COMPLICATI­ONS

Le fils de Wafa Benkhallou­k, âgé de trois ans et demi, est trop jeune pour reconnaîtr­e les symptômes provoqués par les fluctuatio­ns de son taux de sucre. La maman n’a donc d’autre choix que de tester la glycémie du petit Youssef fréquemmen­t, surtout la nuit. «Je ne peux pas dormir, avoir la conscience tranquille, en sachant que mon fils peut partir dans un coma», lance la Terrebonni­enne.

Plusieurs études ont démontré qu’une bonne maîtrise de la glycémie permet de réduire les complicati­ons à long terme.

«Je ne veux pas que les yeux, les reins ou le coeur de mon fils soient endommagés parce qu’on ne prend pas assez sa glycémie, confie Mme Benkhallou­k. C’est ma hantise.»

 ??  ?? Léo Lévesque, sept ans, est diabétique de type 1 depuis l’âge de quatre ans. Son père Hugo Lévesque l’aide à tester son taux de glycémie.
Léo Lévesque, sept ans, est diabétique de type 1 depuis l’âge de quatre ans. Son père Hugo Lévesque l’aide à tester son taux de glycémie.

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