Les diabétiques en colère contre des coupes
Le gouvernement a diminué le nombre de bandelettes remboursées
Des diabétiques sont révoltés par une nouvelle mesure du ministère de la Santé qui les oblige à débourser pour les bandelettes servant à tester leur glycémie.
«Les bandelettes, ce n’est pas un luxe. Garder un petit enfant en vie, ce n’est pas un luxe. Ce que le gouvernement fait en ce moment, c’est rapace, c’est vraiment bas», déplore Hugo Lévesque, père de Léo, un garçon diabétique de sept ans.
Depuis trois semaines, les diabétiques traités à l’insuline ont droit à 3000 bandelettes remboursables par année, soit environ huit par jour. Une fois cette limite franchie, ils doivent payer jusqu’à 0,89$ par bandelette.
Les bandelettes sont utilisées pour réaliser des tests de glycémie, qui permettent de vérifier le taux de glucose dans le sang.
Hugo Lévesque estime que son fils utilise près de 4500 bandelettes par an. L’enseignant de Saint-Jérôme devra donc dépenser environ 1000 $ de plus par année.
Seules les personnes assurées par le régime public d’assurance médicaments sont concernées par ces changements.
«C’est de s’attaquer à du monde déjà plus démuni», souligne M. Lévesque.
MEILLEURE UTILISATION
Le gouvernement indique avoir agi pour favoriser une meilleure utilisation des bandelettes. Mais Diabète Québec et des parents sont d’avis que la limite fixée est trop basse, particulièrement pour les enfants atteints de diabète de type 1.
Il explique que pour se limiter à huit bandelettes, son fils ne devrait faire aucune hypoglycémie, c’est-à-dire que son taux de sucre sanguin ne descende jamais trop bas.
«Une journée parfaite répondrait aux exigences du gouvernement, qui est de huit tests de glycémie par jour. […] Mais depuis trois ans, jamais, pas une seule fois, nous avons eu une journée parfaite», note-t-il.
Michèle Damouny arrive au même constat. La femme de Drummondville est mère d’un garçon diabétique de neuf ans.
«Si c’est une journée normale sans sport, on prend environ 10 ou 11 glycémies, ditelle. Mais moi, je suis maman d’un grand sportif, alors quand Gabriel a de l’éducation physique ou qu’il joue au hockey, ça peut aller jusqu’à 16-17 tests par jour.»
Or, le sport prévient et guérit le diabète, selon des experts. «C’est comme si on disait à mon enfant de faire moins de sport parce qu’il est diabétique, s’indigne Michèle Damouny. Au lieu d’encourager les enfants diabétiques à bouger, on fait le contraire.»
COMPLICATIONS
Le fils de Wafa Benkhallouk, âgé de trois ans et demi, est trop jeune pour reconnaître les symptômes provoqués par les fluctuations de son taux de sucre. La maman n’a donc d’autre choix que de tester la glycémie du petit Youssef fréquemment, surtout la nuit. «Je ne peux pas dormir, avoir la conscience tranquille, en sachant que mon fils peut partir dans un coma», lance la Terrebonnienne.
Plusieurs études ont démontré qu’une bonne maîtrise de la glycémie permet de réduire les complications à long terme.
«Je ne veux pas que les yeux, les reins ou le coeur de mon fils soient endommagés parce qu’on ne prend pas assez sa glycémie, confie Mme Benkhallouk. C’est ma hantise.»