Le Journal de Montreal

Il a quitté la ville pour la Gaspésie

OriginAire de QuéBec, Simon DugAs A fAit le choix d’Aller sAuver des vies en région

- PIERRE-PAUL BIRON

MARIA | Simon DugAs A eu un pArcours inverse de celui de BeAucoup de jeunes Adultes de son Âge. Plutôt que de quitter sA région nAtAle pour s’exiler en ville, il A quitté QuéBec pour Aller sAuver des vies À l’unité de soins intensifs de l’hôpitAl de MAriA, petite municipAli­té de 2600 Âmes.

L’histoire est peu commune. Combattant l’exode des jeunes avec laquelle doivent composer plusieurs régions du Québec, la Gaspésie a trouvé en Simon Dugas un infirmier avec un réel désir de faire une différence dans sa communauté.

«Oui, plusieurs jeunes quittent les régions pour la ville, mais l’inverse peut aussi être vrai, assure le Gaspésien d’adoption de 35 ans. Je n’ai jamais ressenti de vide, même que je ne verrais pas ma vie ailleurs qu’ici maintenant. C’est vraiment la vie rêvée pour moi.»

À la fin de son cours en soins infirmiers au Cégep de Sainte-Foy, Simon savait déjà qu’il quitterait la ville. Que ce soit la Gaspésie, d’où sont originaire­s ses parents, ou toute autre région, il voulait exercer dans une petite communauté.

«Il y a une dynamique particuliè­re. On peut faire un suivi serré de nos patients, qui deviennent beaucoup plus que des numéros. Ce sont les proches de mes amis, de mes collègues. Je les revois à l’épicerie, ils me donnent des nouvelles. Il y a un fort lien humain qui se crée», explique l’assistant-chef de son départemen­t, pour qui ce lien humain est la base même du métier. «Sans ça, notre travail n’est plus le même. L’humain doit rester notre priorité.»

L’EFFET GILLES KÈGLE

Cette sensibilit­é de l’autre, Simon Dugas l’a acquise au tout début de sa pratique, alors qu’il était toujours aux études. Pendant près de deux ans, il a sillonné les recoins sombres de la ville de Québec en compagnie de «l’infirmier de la rue», Gilles Kègle, pour venir en aide aux gens dans le besoin.

«Ça marque encore ma pratique aujourd’hui», souligne sans hésitation celui qui a adoré ce premier contact «très communauta­ire» avec la profession. «Je me rappelle d’un monsieur chez qui j’allais chaque semaine, seulement pour jaser. C’est seulement de ça qu’il avait besoin et pas de soins particulie­rs. J’ai réalisé que ça fait aussi partie de notre travail. À l’hôpital, c’est ce qu’on a tendance à oublier avec notre charge de travail, les heures supplément­aires et tout le reste. Au final, ce sont des humains qu’on soigne.»

LE CHOIX DE FAIRE UNE DIFFÉRENCE

Spécialisé en soins intensifs, l’infirmier débarqué à l’hôpital de Maria en 2012 après un passage au Nouveau-Brunswick a rapidement pris goût à cette pratique de soins critiques. Si certains collègues et des familles de patients qu’il a côtoyés estiment qu’il aurait fait un bon médecin, Simon considère que c’est comme infirmier qu’il a la chance de faire une plus grande différence.

«On fait de tout ici et on doit être efficace dans tout. Ce n’est pas comme en ville. On fait de la psychiatri­e, du polytrauma, de la pédiatrie, des problèmes pulmonaire­s, cardiaques. Et on fait une différence dans la vie de chacune de ces personnes-là. Ma paie, elle est là en fait», confie Simon Dugas, qui se destinait au départ vers une carrière en aéronautiq­ue, mais qui a rapidement réalisé que sa réelle vocation était de sauver des vies.

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L’infirmier Simon Dugas travaille à l’hôpital de Maria, en Gaspésie.

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