Célébrer malgré DES CONFLITS
Certes complexe, la relation mère-fille a réellement quelque chose de particulier. Malgré le désir de vivre des relations simples et faciles, le rapport entre les deux demande des efforts! Est-ce possible, en ce dimanche de la fête des Mères, de passer de bons moments malgré certaines tensions ou certains conflits? Quelques trucs pourraient non seulement contribuer à rendre le climat agréable, mais peut-être également vous conduire toutes les deux vers une meilleure harmonie…
Mères, libérez vos filles est le titre accrocheur d’un livre de la Dre Marie Lion-Julin, médecin psychiatre et psychanalyste, spécialiste des liens qui unissent les mères à leurs filles.
Elle nous explique: «Une mère a une approche et un comportement différent vis-à-vis de son fils et de sa fille. La similitude fait qu’une mère voit dans sa fille un être qui lui ressemble, un prolongement d’elle-même. Elle attend d’elle des choses précises comme on l’a exigé d’elle-même, qu’elle réussisse ce qu’elle n’a pas fait. Jusqu’à l’adolescence, la fille se construit par rapport à sa mère: elle est son modèle. Cette identification est indispensable pour se structurer. Puis à l’adolescence vient la phase de la séparation, une phase elle aussi indispensable, pour que la fille trouve son identité (...). Cela signifie qu’une fille doit pouvoir penser différemment de sa mère, avoir des avis contraires sans que sa mère en soit blessée, ou se sente désemparée et rejetée. Une fille doit pouvoir vivre sa vie, quel que soit ce qu’en pense sa mère. Une mère n’est pas là pour comprendre sa fille, mais pour l’accompagner. Cette séparation est un processus structurant. Ce n’est pas la fin de l’amour, mais au contraire le début d’un amour adulte.»
La Dre Lion-Julin exprime également qu’il est impératif que la mère accepte que la fille se sépare d’elle afin que leurs relations puissent s’épanouir, car en cas contraire, les liens se complexifient, pouvant même devenir toxiques. «Beaucoup de filles n’osent pas exprimer devant leur mère qu’elles ne sont pas d’accord avec elle. Elles dépendent de son regard et se conforment à ce que leur mère attend d’elles. Elles sacrifient leur identité par amour pour leur mère et se construisent une personnalité pour lui plaire. Le problème est qu’ainsi elles ne savent pas qui elles sont. Elles développent une mauvaise estime d’elles-mêmes. Leur personnalité ne correspond pas à ce qu’elles sont vraiment au fond d’elles. Et ceci a des retentissements sur tous les aspects de la vie: leur vie amoureuse, leur sexualité, leur capacité à l’indépendance et leur façon d’être mère à leur tour.»1
CHACUNE SON HISTOIRE
Il est parfois facile de souhaiter voir sa propre mère comme étant quelqu’un qui comprend tout et qui sait tout. «Elle devrait savoir, elle devrait comprendre, c’est ma mère après tout.» Ces phrases sont prononcées régulièrement et sont très lourdes de sens.
Annick poursuit: «Ma mère a toujours été si présente dans ma vie, elle a assisté à mes réussites comme à mes déboires, je n’ai rien compris le jour où je me suis fait mettre à la porte de mon boulot et que j’ai tout perdu et qu’elle m’a laissé tomber. J’ai voulu aller vivre chez elle, le temps de me retourner de bord. Elle a refusé. J’avais 29 ans, c’était difficile pour moi de lui demander ça, mais encore plus de me voir rejetée. Nous avons passé deux ans et demi sans nous parler à la suite de cela. C’est ma mère, il me semble qu’elle aurait dû revenir vers moi, me parler, me réconforter. Quand on s’est retrouvées aux funérailles de ma grand-mère, c’est ce qu’elle m’a reproché. Je lui ai proposé de consulter, je veux rétablir nos liens. Elle a accepté, nous verrons bien…»
Une mère est d’abord une femme qui a une histoire personnelle, un parcours de vie. Elle vieillira comme elle a toujours vécu – et vous aussi – à moins de vouloir faire autrement et d’aller chercher de l’aide en ce sens, au besoin.
Rien n’est jamais parfait, on fait de son mieux! Bonne fête des Mères!