InondatIons EffEts sur lE fraI
Le débordement des cours d’eau aura un certain impact sur les différents écosystèmes ainsi que sur les moeurs et habitudes de plusieurs familles de poissons.
Pour en savoir plus sur le sujet en cette période de reproduction pour plusieurs espèces, j’ai contacté Philippe Brodeur, biologiste à la direction de la gestion de la faune Mauricie – Centredu-Québec pour le MFFP. Voici l’essentiel des propos de ce spécialiste pour ce qui touche les eaux de la Mauricie, de la Montérégie et de Lanaudière : Le doré jaune, la perchaude et le grand brochet sont les espèces qui frayent hâtivement au printemps. Actuellement, la période de reproduction du doré jaune tire à sa fin alors que celles du grand brochet et de la perchaude sont terminées. Le niveau élevé de l’eau en 2017, maintenu durant plusieurs semaines, pourrait être favorable aux espèces de poissons qui se reproduisent et s’alimentent dans la plaine d’inondation. Au lac Saint-Pierre, par exemple, une quarantaine d’espèces, dont la perchaude et le grand brochet, utilisent ces milieux. Ces conditions hydrologiques particulières ne devraient pas être néfastes pour le doré jaune, qui fraye en eaux vives, dans les grands rapides situés autour de Montréal et les tributaires du fleuve. Pour leur part, les achigans frayent un peu plus tard et nous estimons que les conditions hydrologiques ne devraient pas être problématiques pour ces espèces.
OUEST DE LA PROVINCE
Le contexte étant différent en Outaouais, les impacts appréhendés ne seront probablement pas les mêmes que ceux des autres régions. Selon Julie Deschênes, biologiste à la direction de la gestion de la faune de l’Outaouais pour le MFFP, comme au lac SaintPierre, le brochet et la perchaude de leur région dépendent des zones inondées pour leur reproduction. Ils seront donc possiblement favorisés puisque leur période de frai en Outaouais tirait à sa fin lorsque les inondations ont débuté à la fin avril. Selon la température des cours d’eau, la période de frai du doré jaune est grandement variable en Outaouais. Certaines populations ont presque terminé de frayer, d’autres sont en cours et certaines n’ont pas encore débuté. Pour les populations qui ont terminé ou presque, l’impact risque d’être mineur compte tenu que le retrait des eaux se fait graduellement. Pour les populations qui sont en cours de frai, il pourrait y avoir exondation des oeufs avec le retrait des eaux. Pour les populations qui n’ont pas encore débuté le frai, l’impact risque d’être mineur. À long terme, par contre, l’impact potentiel des inondations devrait être compensé par un meilleur taux de survie. Le suivi de la population de dorés jaunes que nous menons au lac aux Allumettes nous permettra de mieux estimer les impacts de la crue de cette année sur le recrutement de cette espèce dans la rivière des Outaouais. Pour les espèces qui frayent plus tard, tel l’achigan, l’impact dépendra de la vitesse du retrait des eaux.