Méchant bordel
Sinistrés pour longtemps
Morceaux de murs, de planchers et de plafonds. Des débris par centaines jonchaient hier les terrains des sinistrés touchés par les inondations à Deux-Montagnes.
«On a défait le sous-sol au complet, racontait d’un air abattu Johanne Laporte, qui demeure sur la 14e Avenue. On a perdu beaucoup de choses qui nous tenaient à coeur. Des photos de famille, des souvenirs, des décorations de Noël qu’on accumule depuis des années… Ç’a l’air stupide, mais ça vient te chercher quand même.»
Vêtus de combinaisons blanches, plusieurs citoyens vidaient ce qui restait de leur sous-sol depuis le début du weekend.
«Samedi, on a sorti tout ce qui flottait, mais il y avait encore quatre pieds d’eau environ dans la maison, expliquait Mme Laporte. On a pompé toute la journée, et dimanche, quand on s’est réveillés, tout était parti. On était soulagés.»
Johanne Laporte avoue avoir traversé plusieurs périodes de découragement au cours de la dernière semaine. «Mais maintenant, on recommence à neuf», lance-t-elle en tentant de garder le moral, même si elle devra payer elle-même les milliers de dollars de dommages causés par l’eau dans sa maison.
DÉCONTAMINATION
Un peu plus loin sur la rue, Serge Brissette faisait une pause en début d’aprèsmidi près de l’immense pile de déchets qu’il avait sortis de la demeure de son ami et entassés sur son terrain.
«Je viens l’aider, parce que tout ça, ça l’a mis pas mal à terre, confiait M.Brissette. Juste aujourd’hui, j’ai fait quatre voyages avec mon pickup et mon trailer pour aller porter des déchets au container. Là, la Ville nous a dit qu’il n’y avait plus de place dans les containers, et qu’on devait mettre ça dans nos cours en attendant. Ils devraient venir ramasser ça.»
Pendant que l’homme reprenait son souffle, une équipe s’occupait de décontaminer le sous-sol de son ami.
«Il ne faut pas que la moisissure prenne là-dedans, soulignait M. Brissette. Alors, on sort tout ce qu’on peut, et pour le reste, les gens du nettoyage mettent un antibactérien, ils arrosent à l’eau chaude et ils aspirent l’eau partout pour que ce soit bien sec. On a cinq ventilateurs et deux déshumidificateurs, qui vont devoir fonctionner pendant quatre jours.»
«MORCEAU DE VIE»
Une résidante de la 15e Avenue tenait quant à elle à souligner le travail exceptionnel des bénévoles qui ont été recrutés par la Ville pour aider les sinistrés.
«S’ils n’avaient pas été là, cette communauté se serait effondrée», a-t-elle affirmé, désirant demeurer anonyme pour «laisser la lumière aux bénévoles».
La femme a elle aussi perdu plusieurs objets qui étaient très précieux à ses yeux. «Mais ce n’est pas le matériel qui nous fait vraiment de la peine, disait-elle. C’est surtout de sentir qu’il y a un morceau de notre vie qui vient de partir.»
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