« Écoeuré », il déverse 12 000 litres de purin
Un producteur laitier fait un coup d’éclat devant l’UPA
Un producteur laitier «écoeuré» du bas prix qu’il reçoit pour son lait a décidé de faire un coup d’éclat en déversant 12 000 litres de purin autour de la Maison de l’UPA hier, à Longueuil.
«J’ai voulu faire bouger les choses, a affirmé Michel Fabry à TVA Nouvelles. Ce n’est peut-être pas la bonne manière, mais pour l’instant c’est la meilleure que j’ai trouvée. On va voir la suite. Ça ne veut pas dire que ça va changer, mais les gens de la relève sont inquiets. Il y en a beaucoup qui lâchent.»
Pour son geste, l’homme de 56 ans d’Henryville, en Montérégie, pourrait devoir faire face à des accusations de méfait de plus de 5000$, selon le Service de police de l’Agglomération de Longueuil (SPAL). Il dit tout de même ne pas regretter son geste.
M. Fabry réclame également la démission du conseil d’administration de la Fédération des producteurs de lait du Québec.
« PAS AU COURANT »
Sans consulter qui que ce soit, même pas sa famille, le quinquagénaire a parcouru en tracteur les 61 km qui le séparent de Longueuil avec une citerne remplie de près de 12 000 litres de purin.
«Il ne m’en avait pas parlé, je n’étais pas au courant, a affirmé Lucie Girard, qui approuve le geste de son mari. Je l’ai appris dans les médias. Sur le coup, ça m’a surprise, mais après j’ai compris que si on ne fait rien, il n’y a rien qui va changer. […] Il ne faudrait quand même pas que tout le monde commence à faire ça, par contre!» Son conjoint s’est présenté aux bureaux de la Maison de l’UPA, sur le boulevard Roland-Therrien, à Longueuil, vers 6 h 30. Il s’est alors mis à déverser tout autour de la bâtisse son lisier, qui ne pose aucun danger pour la santé humaine.
Des employés de l’UPA ont appelé les policiers. Le producteur agricole a quitté les lieux, mais les agents l’ont intercepté à proximité peu de temps après.
Il a été transporté au centre hospitalier pour un malaise cardiaque, selon sa femme.
«Il a été arrêté et amené au centre hospitalier pour subir une évaluation psychiatrique», a indiqué pour sa part l’agente Mélanie Mercille, du SPAL.
«Quand il a trop d’émotions, ça ne lui fait pas. Il se porte bien psychologiquement, il n’est pas en dépression, il est juste écoeuré. Il est en colère que rien n’avance, ça fait au moins deux ans que ça ne va pas bien [financièrement]», lance Mme Girard, elle aussi frustrée. – Avec la collaboration de Marie-Ève
Dumont et Claudia Berthiaume