Denis Coderre aurait menacé une policière
Un incident révélé par la commission Chamberland
«Je serai ton futur boss», aurait dit Denis Coderre à une policière qui lui a collé une contravention en 2012, soit plusieurs mois avant qu’il ne devienne maire de Montréal, selon un document rendu public hier.
«C’est un geste totalement inapproprié et indigne d’un futur magistrat de la Ville de Montréal. Manifestement, [il] ne comprend pas le principe de la séparation des pouvoirs», a réagi Alex Norris de Projet Montréal, hier.
PLAQUE IMPAYÉE
En mars 2012, plus d’un an avant l’élection municipale de 2013, M.Coderre circulait dans les rues de Verdun à bord d’un véhicule dont la plaque d’immatriculation était impayée. Une policière du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) s’en est rendu compte et l’a donc arrêté.
«M. Coderre a mentionné [à la policière] qu’il serait son futur boss lors de l’émission du billet, mais elle ne connaissait pas M. Coderre à ce moment-là. Il n’était pas encore maire de Montréal», peut-on lire dans un rapport d’enquête rendu public hier, lors des audiences de la commission Chamberland sur la protection des sources journalistiques.
Le rapport d’enquête a été rédigé par Normand Borduas, un ancien enquêteur de la division des affaires internes du SPVM, qui a témoigné hier devant la commission pour expliquer pourquoi il avait cherché à obtenir les données cellulaires de Patrick Lagacé.
Au moins un policier a en effet contacté le chroniqueur de La Presse en décembre 2014 pour lui transmettre la contravention de 2012, qui n’avait finalement jamais fait l’objet d’un article.
Selon M. Borduas, des policiers avaient tenté de couler l’information dans les médias afin d’aider la cause de la Fraternité des policiers de Montréal. Les relations de travail étaient alors houleuses entre le syndicat et le maire, à qui ils auraient souhaité nuire, a affirmé l’ancien enquêteur pendant les audiences.
« INTIMIDATION »
Reste que, pour Alex Norris, l’attitude de M. Coderre en 2012 relève de l’intimidation. «Ce n’est pas la première fois qu’on voit ça. On l’a vu au Quartier des spectacles, quand il a interpellé des policiers pour dire qu’il était leur patron et qu’il pouvait faire comme il voulait […] Il semble avoir cette notion que le SPVM est son service de police personnel», s’indigne-t-il. Le maire n’a pas souhaité commenter.
– Avec la collaboration de Laurence Houde-Roy, Agence QMI