Culture du harcèlement à la GRC
Un rapport met en lumière de très graves dysfonctionnements au sein de la police fédérale
« Une réflexion très prUdente s’impose pUisqUe cela signifierait Un changement majeUr dans la façon dont s’opère l’organisation depUis plUs de 100 ans » – Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique
OTTAWA | La Gendarmerie royale du Canada (GRC) est aux prises avec des problèmes de harcèlement tellement graves que des civils devraient être nommés pour rétablir l’ordre.
Dans un rapport coup-de-poing rendu public hier, la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC dresse un sombre portrait du corps policier et de l’ambiance qui y règne.
Questionné au sujet de son expérience personnelle, Bob Paulson, le grand patron du corps de police, a luimême admis avoir été victime de harcèlement au cours de sa carrière.
«Et j’ai probablement fait des gestes que des gens n’ont pas appréciés. J’ai eu des plaintes contre moi pour avoir harcelé», at-il aussi confessé en mêlée de presse.
Après avoir étudié quelque 264dossiers dans les trois dernières années, la commission a noté une litanie de comportements qui relèvent du harcèlement ou de l’intimidation dans la force policière, dont certains peuvent avoir de graves conséquences sur la santé physique et mentale de ses employés.
RENFORTS REFUSÉS
Par exemple, des policiers mal aimés de leur hiérarchie se sont vu refuser des renforts sur le terrain lors «d’interventions dangereuses impliquant des armes à feu, ainsi que sur des lieux de crime».
En guise de témoignage, une autre policière raconte avoir été conduite par un supérieur «au milieu de nulle part pour être menacée d’un triste sort si elle ne rentrait pas dans le rang».
Mais alors que les problèmes au sein de la GRC sont bien connus, le corps de police «n’a ni la volonté ni la capacité d’apporter les changements nécessaires pour régler les problèmes qui grugent ses milieux de travail», assène la commission dans le rapport.
La solution passe donc, selon ses auteurs, par l’intégration de civils aux échelons supérieurs du corps de police, notamment dans les départements des ressources humaines et des relations de travail.
Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, se dit «ouvert» à l’idée de confier certaines tâches à du personnel civil.
«Une réflexion très prudente s’impose puisque cela signifierait un changement majeur dans la façon dont s’opère l’organisation depuis plus de 100ans», a toutefois nuancé M. Goodale.
De son côté, le patron de la GRC, Bob Paulson, invite plutôt à la patience, soulignant que l’institution est sur la bonne voie.
«Ça prend une génération pour changer la culture d’une organisation comme la GRC. D’après moi, on fait du progrès», a-t-il déclaré.