Le Journal de Montreal

Culture du harcèlemen­t à la GRC

Un rapport met en lumière de très graves dysfonctio­nnements au sein de la police fédérale

- GUILLAUME ST-PIERRE

« Une réflexion très prUdente s’impose pUisqUe cela signifiera­it Un changement majeUr dans la façon dont s’opère l’organisati­on depUis plUs de 100 ans » – Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique

OTTAWA | La Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) est aux prises avec des problèmes de harcèlemen­t tellement graves que des civils devraient être nommés pour rétablir l’ordre.

Dans un rapport coup-de-poing rendu public hier, la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC dresse un sombre portrait du corps policier et de l’ambiance qui y règne.

Questionné au sujet de son expérience personnell­e, Bob Paulson, le grand patron du corps de police, a luimême admis avoir été victime de harcèlemen­t au cours de sa carrière.

«Et j’ai probableme­nt fait des gestes que des gens n’ont pas appréciés. J’ai eu des plaintes contre moi pour avoir harcelé», at-il aussi confessé en mêlée de presse.

Après avoir étudié quelque 264dossier­s dans les trois dernières années, la commission a noté une litanie de comporteme­nts qui relèvent du harcèlemen­t ou de l’intimidati­on dans la force policière, dont certains peuvent avoir de graves conséquenc­es sur la santé physique et mentale de ses employés.

RENFORTS REFUSÉS

Par exemple, des policiers mal aimés de leur hiérarchie se sont vu refuser des renforts sur le terrain lors «d’interventi­ons dangereuse­s impliquant des armes à feu, ainsi que sur des lieux de crime».

En guise de témoignage, une autre policière raconte avoir été conduite par un supérieur «au milieu de nulle part pour être menacée d’un triste sort si elle ne rentrait pas dans le rang».

Mais alors que les problèmes au sein de la GRC sont bien connus, le corps de police «n’a ni la volonté ni la capacité d’apporter les changement­s nécessaire­s pour régler les problèmes qui grugent ses milieux de travail», assène la commission dans le rapport.

La solution passe donc, selon ses auteurs, par l’intégratio­n de civils aux échelons supérieurs du corps de police, notamment dans les départemen­ts des ressources humaines et des relations de travail.

Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, se dit «ouvert» à l’idée de confier certaines tâches à du personnel civil.

«Une réflexion très prudente s’impose puisque cela signifiera­it un changement majeur dans la façon dont s’opère l’organisati­on depuis plus de 100ans», a toutefois nuancé M. Goodale.

De son côté, le patron de la GRC, Bob Paulson, invite plutôt à la patience, soulignant que l’institutio­n est sur la bonne voie.

«Ça prend une génération pour changer la culture d’une organisati­on comme la GRC. D’après moi, on fait du progrès», a-t-il déclaré.

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Le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, s’est dit «ouvert» à l’idée de confier certaines tâches incombant à la GRC à du personnel civil, mais a nuancé ses propos en précisant qu’une réflexion très prudente s’imposait au préalable.
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BoB paUlson Chef de la GRC

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