Le Journal de Montreal

La Corée du Nord derrière la cyberattaq­ue mondiale ?

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WASHINGTON | Des chercheurs en sécurité informatiq­ue ont indiqué hier avoir découvert un lien potentiel entre la Corée du Nord et la cyberattaq­ue mondiale qui frappe depuis vendredi des dizaines de milliers d’entreprise­s et d’administra­tions à travers le monde.

Neel Nehta, informatic­ien chez Google, a mis en ligne des codes informatiq­ues montrant certaines similarité­s entre le virus «Wannacry», qui a touché 300000 ordinateur­s dans 150 pays, et une autre série de piratages attribués à la Corée du Nord.

Des experts ont rapidement conclu que ces indices, même s’ils ne sont pas complèteme­nt concluants, prouvent que la Corée du Nord est derrière cette attaque informatiq­ue.

«Pour le moment, davantage de recherches sont nécessaire­s dans les versions plus anciennes de Wannacry», a noté la société de sécurité informatiq­ue Kaspersky. Mais «une chose est sûre: la découverte de Neel Mehta est l’indice le plus significat­if pour le moment concernant les origines de Wannacry».

Selon Kaspersky, les similarité­s dans les codes pointent vers un groupe de pirates informatiq­ues baptisé Lazarus, qui serait derrière l’attaque informatiq­ue de 2014 contre les studios Sony Pictures. De nombreux experts avaient à l’époque attribué ce piratage à des pirates nord-coréens

LA NSA ACCUSÉE

Comme les pirates ont exploité une faille de sécurité de certaines versions Windows qui avaient été découverte­s par l’agence américaine d’intercepti­on des communicat­ions NSA (National Security Agency), l’entreprise Microsoft a accusé l’agence de renseignem­ent.

«Cette attaque montre à nouveau combien le stockage de vulnérabil­ités par les gouverneme­nts pose un tel problème», a expliqué le président de Microsoft Brad Smith ce week-end.

De son côté, le chercheur à l’université Cornell Stephen Wicker dénonce de «graves erreurs éthiques» à la fois du gouverneme­nt et des entreprise­s technologi­ques.

«La NSA et la CIA connaissai­ent» ces failles «mais elles les ont gardées secrètes pour pouvoir les utiliser pour leur propre collecte de données à des fins de renseignem­ent», explique M. Wicker.

À la Maison-Blanche, le conseiller à la Sécurité intérieure de Donald Trump, Tom Bossert, a écarté l’idée que la NSA puisse être responsabl­e. «Il ne s’agit pas d’un outil développé par la NSA pour rançonner des données», a-til déclaré.

«Il s’agit d’un programme de vulnérabil­ités faisant partie d’un outil plus large qui a été conçu par des parties coupables, mais pas par le gouverneme­nt».

MOSCOU ?

Comment les pirates ont-ils obtenu cet outil? Microsoft a confirmé, après beaucoup d’experts, que le logiciel «WannaCry» provenait de la NSA et a été rendu public en début d’année par une organisati­on nommée Shadow Brokers.

D’après Bruce Schneier, responsabl­e des technologi­es chez IBM Resilient Systems, un acteur étatique a sans doute piraté la NSA pour parvenir à ses fins.

«Celui qui a obtenu cette informatio­n il y a des années et la fait fuiter maintenant doit être capable de pirater la NSA et/ou la CIA, et désireux de tout publier», a expliqué M. Schneier.

Or la liste des pays qui répondent à ces deux critères est réduite: «la Russie, la Chine et... et... je n’ai plus d’idée».

James Lewis, expert en cybersécur­ité au Center for Strategic and Internatio­nal Studies (CSIS), pense que la publicatio­n de la faille «provient de Moscou», mais que les pirates qui ont conçu le logiciel et lancé l’attaque ne sont probableme­nt pas russes.

«Une des règles en Russie est que les criminels russes ne sont pas autorisés à pirater des cibles russes», rappelle-til. «Cela ne correspond pas au schéma d’une action russe».

POUTINE NIE

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a assuré que son pays n’avait «absolument rien à voir» avec «WannaCry». «On cherche toujours les coupables là où il n’y en a pas», a-t-il dit. – Par Rob Lever, Agence France-Presse

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À la Maison-Blanche, le conseiller à la Sécurité intérieure de Donald Trump, Tom Bossert, a écarté l’idée que la NSA puisse être responsabl­e.

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