Le Journal de Montreal

Hélène Dumais, courir et survivre

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Aujourd’hui, Hélène Dumais s’attaque pour la deuxième fois au Vermont Infinitus, une course en sentier de 888 kilomètres dans les montagnes Vertes. Une «petite» épreuve en guise de préparatio­n avant un défi encore plus fou. Rencontre avec celle qui se voit d’abord comme une aventurièr­e.

«Plus jeune, je voulais être une actrice», me dit Hélène Dumais, 36 ans, lors d’un court passage à Montréal.

Aujourd’hui, l’athlète prend le rôle d’héroïne dans une vie qui l’aura menée un peu partout dans le monde à explorer son potentiel. Un film d’action, sans aucun doute.

ATHLÈTE DE L’EXTRÊME

«Je ne suis pas masochiste, je n’aime pas avoir mal», assure Hélène Dumais. L’athlète participe pourtant à des courses où elle doit supporter une demande physique éreintante dans un niveau d’inconfort extrême, sans dormir plus d’une ou deux heures.

Elle est née battante, dit-elle. Prématurée, elle a passé huit semaines dans un incubateur. «Je voulais vivre. C’était évident.» Aujourd’hui, elle aime se retrouver dans des conditions de survie, qui la ramènent à l’essentiel.

«C’est un retour à un stade plus primitif, où l’instinct nous guide. On se rend alors compte qu’on est capable de beaucoup plus que ce que l’on croit», pense la coureuse.

Maintenant formée comme préparatri­ce physique et comme massothéra­peute, elle est fascinée par le potentiel du corps humain, tant peu qu’on l’entraîne et qu’on cesse de le freiner.

«Tous les jours, je m’entraîne à sortir de ma hors de ma zone de confort», dit Hélène.

«Ce n’est pas que je n’ai pas peur. C’est que celle-ci ne m’empêche pas d’avancer», ajoute-t-elle.

APPRIVOISE­R L’ÉCHEC

«Je n’ai pas de superpouvo­irs; je me plante régulièrem­ent», affirme l’aventurièr­e. L’an dernier, son premier essai à l’Infinitus 888 s’est soldé par un échec après 675 kilomètres. La traversée du Ko’olau Summit Ridge lui aura pris trois tentatives, et des heures et des heures de planificat­ion à chaque fois.

«Si tu ne te pètes pas la gueule, ça veut dire que tu ne fais rien», croit l’athlète. Hélène Dumais essaie beaucoup, et réussit souvent. Elle ne se satisfait pas d’objectifs qu’elle pense atteindre. «Tant qu’à rêver, aussi bien rêver grand», dit l’aventurièr­e.

Cet été, Hélène ne se contente pas d’une revanche à l’Infinitus. En août, non seulement elle tentera de franchir la ligne d’arrivée de la première édition canadienne de la Survival Run, une course de plus de 100 kilomètres ponctuée d’épreuves colossales, mais elle y additionne­ra un événement de 80 kilomètres le lendemain… avant un vol qui l’emmènera au réputé UltraTrail du Mont-Blanc, une boucle de 170 kilomètres en altitude.

«Ç’a l’air impossible. Mais ce n’est pas une raison de ne pas essayer, non?», me dit-elle, tout sourire.

De la jeune de 17 ans qui part sur un coup de tête avec son sac à dos après le refus de ses parents de l’inscrire à l’école de théâtre, on sent la même douce insoucianc­e et un amour sincère pour la nature — et la machine humaine.

Ses échecs sont aussi inspirants que ses succès. Une battante. Bonne course, Hélène!

« VOUS ALLEZ LE REGRETTER »

Un avertissem­ent avant même l’inscriptio­n de cette course en sentier de l’Endurance Society : «vous allez le regretter». En 2016, alors qu’elle était en première position parmi les femmes après 675 kilomètres, Hélène Dumais a dû s’avouer vaincue. Aujourd’hui, l’athlète compte bien finir cette course un peu folle, qui doit être bouclée après dix jours, tout au plus.

Sa page Facebook alimentera sa progressio­n : www.facebook.com/ helened umais adventurer

De plus, un documentai­re suivant dix athlètes le long de leur parcours sera réalisé.

«Les gens vont pouvoir constater qu’on est des humains vulnérable­s, nous aussi. Qu’on a nos hauts, puis nos bas», dit Hélène.

«On a tous notre course à courir dans la vie. Je me lance un défi gigantesqu­e qui semble impossible, peut-être qu’il même qu’il l’est, mais l’impossible se réalise si on se commet. Tant qu’on avance, malgré les échecs, tant qu’on continue à avancer, on peut y arriver, même si c’est le travail d’une vie.»

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Hélène Dumais est une adepte des courses de type « survival », qui combine un kilométrag­e corsé et des épreuves relevées.
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