« De pire en pire » , dit une experte en fiscalité
L’utilisation des paradis fiscaux par les Canadiens pour échapper à l’impôt est «de pire en pire», croit la fiscaliste et professeure à l’Université de Sherbrooke, Marwah Rizqy.
En entrevue, elle explique que le Québec «avance dans sa réflexion».
Mais Ottawa n’a «aucune volonté réelle d’avancer dans la lutte contre l’évitement fiscal». C’est une «mascarade, de la bouillie pour les chats», tranche celle qui a pourtant été candidate du parti au pouvoir à Ottawa aux élections générales de 2015.
Le Canada «dort au gaz», lance-telle, faisant référence à l’affaire KPMG. Radio-Canada a révélé en mars dernier que le cabinet comptable a aidé de riches clients à dissimuler des actifs à l’île de Man, un paradis fiscal.
Cette semaine, RadioCanada a rapporté qu’un ancien cadre de KPMG était le trésorier actuel du Parti libéral du Canada, et ce, pendant que le comité permanent des finances du Parlement fédéral s’attardait sur les opérations de KPMG à l’île de Man. Le problème éthique est majeur, selon la fiscaliste.
FAIRE SEMBLANT
«On ne peut pas lutter contre l’évasion fiscale en s’attaquant seulement aux petits épargnants et en faisant semblant de s’attaquer lorsqu’on arrive dans la ligue des grands joueurs», ajoute-t-elle.
En 2013, le gouvernement fédéral a lancé un plan de lutte contre les paradis fiscaux. Une équipe du fisc composée de 70 personnes avait alors été créée. En 2016, un demimilliard de dollars a aussi été consacré par Ottawa à cette fin.
Me Rizqy avait témoigné devant les élus de l’Assemblée nationale du Québec, l’an dernier, lors de la consultation ayant conduit à la publication du «Rapport sur le phénomène du recours aux paradis fiscaux».
Publié en mars dernier, celui-ci comprenait 38 recommandations, dont celle d’exclure les firmes qui ont été reconnues coupables de pratiques d’évasion fiscale. La fiscaliste craint que ce document ne soit tabletté.