Le Journal de Montreal

Un parti dur de comprenure

- Josée legault josee.legault@quebecorme­dia.com

En plaçant la Coalition avenir Québec en première position et le Parti québécois en troisième, le sondage Mainstreet réalisé pour la Montreal Gazette appelle à la prudence. Attendons les prochains sondages avant d’y voir plus clair.

L’important est de savoir que, même avant le Mainstreet, l’inquiétude était déjà palpable au PQ. D’où son insistance à «converger» avec Québec solidaire. Incapable jusqu’ici de s’ériger seul en solution crédible de rechange aux libéraux, la CAQ le saigne à sa droite et QS, à sa gauche.

À dix-huit mois des élections et à quelques mois de leur grand congrès, les pé- quistes ne peuvent plus faire l’économie d’une réflexion en profondeur sur l’identité même de leur parti. Or, les hautes instances peinent encore à comprendre l’essentiel.

LE FOND DES CHOSES

L’essentiel est qu’au fil du temps, la «marque» péquiste s’est diluée jusqu’à en devenir méconnaiss­able. En 2017, à part son désir de retourner au pouvoir, que veut le PQ? Est-il à gauche, au centre, à droite ou partout en même temps? Que fait-il de sa raison d’être, la souveraine­té?

La question est vitale parce qu’à force de mettre son option en veilleuse de crainte de faire peur au monde, le PQ a fini par en avoir peur lui-même. Ce faisant, il nourrit le discours de ses adversaire­s, dont la CAQ. Un discours caricatura­l voulant que la souveraine­té ne soit plus qu’un épouvantai­l usé tout juste bon à exciter quelques vieux caribous enragés.

Comment le PQ pense-t-il convaincre du bien-fondé de son option s’il la voit lui-même comme un boulet électoral? Pas étonnant qu’il ne fasse plus le plein du vote souveraini­ste depuis longtemps.

CONCURRENC­E

Ces derniers temps, une rare exception fut son «moment» PKP. Un an après sa défaite historique en 2014, l’élection de Pierre Karl Péladeau comme chef faisait grimper le PQ à 34 %. Selon Léger, ses appuis montaient à 41 % chez les francophon­es. Chez les 25-34 ans, le Oui atteignait les 55 %.

Plusieurs facteurs expliquaie­nt un tel bond, mais le principal était l’absence de peur. Personne ne doutait de la volonté de PKP à replacer la souveraine­té au centre de l’action politique du PQ. Pas même ses adversaire­s.

Le député péquiste Pascal Bérubé confessait hier qu’il serait «difficile» pour le PQ de remporter une victoire majoritair­e à cause du «seuil incompress­ible de sièges» du PLQ. Ce seuil a pourtant toujours existé. La réalité est que QS gruge des votes au PQ, mais la vraie menace vient de la CAQ.

Quand le PQ et la CAQ se disputent l’électorat nationalis­te en mettant l’indépendan­ce de côté, la dispersion du vote souveraini­ste est écrite dans le ciel. Les géniteurs de la CAQ, François Legault et l’ex-recruteur libéral Charles Sirois, l’avaient bien compris.

Face à un PQ craintif de son option, leur objectif premier était de doubler un jour le PQ sur le même terrain nationalis­te sans rupture avec le Canada. La question est de savoir si M. Legault réussira ou non à le faire.

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Jean-Francois Lisée, chef du PQ Au fil du temps, la «marque» péquiste s’est diluée jusqu’à en devenir méconnaiss­able
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