Le Journal de Montreal

Quatre autres accusés s’en sortent

L’avocat du défunt maire de Mascouche Richard Marcotte libre de toute accusation de fraude et complot

- Guy Latour

JOLIETTE | Quatre hommes, dont l’avocat de l’ex-maire Marcotte, accusés de fraude et de complot n’auront pas à subir de procès en raison de délais judiciaire­s déraisonna­bles en vertu de l’arrêt Jordan.

Jacques Audette, 63 ans, Serge Duplessis, 63ans, Pierre Lamarche, 59ans, et Pierre Raymond, 59 ans, avaient tous été arrêtés en avril 2012 en compagnie de l’ancien maire de Mascouche Richard Marcotte et de l’homme d’affaires Tony Accurso dans le cadre de l’opération Gravier.

Cette frappe de l’UPAC visait à démanteler un système de corruption et de collusion dans lequel des ingénieurs et des entreprene­urs auraient versé des sommes en vue de la réélection du maire Marcotte en échange de contrats publics.

Les quatre hommes faisaient tous face à des accusation­s de fraude, de complot, d’abus de confiance, d’influence d’un fonctionna­ire municipal et de fraude contre le gouverneme­nt.

AVOCAT DU MAIRE

Leur procès devait commencer le 23mai prochain, soit 62mois jours après leur arrestatio­n. Mais le juge Carol Richer a décidé, hier matin, que ce délai était déraisonna­ble et a retiré les accusation­s contre les quatre hommes.

Au moment de son arrestatio­n, M.Audette était un avocat associé chez Fasken Martineau et avait parmi ses clients, l’ancien maire de Mascouche, Richard Marcotte. L’ex-maire a succombé à un cancer, il y a près d’un an, et n’a pas eu à subir de procès.

Au début d’avril, les accusation­s contre l’avocat Pierre L. Lambert avaient également été retirées en raison de délais judiciaire­s. Celui-ci était considéré comme l’homme de confiance de l’exmaire de Laval, Gilles Vaillancou­rt, qui a plaidé coupable à des accusation­s de complot et de fraude.

De leur côté, Pierre Raymond et Serge Duplessis étaient des ingénieurs alors que Pierre Lamarche était représenta­nt technique.

En rendant sa décision hier matin au palais de justice de Joliette, le juge Carol Richer n’a pas mâché ses mots sur le comporteme­nt de la Couronne dans ce dossier. Pour le tribunal, le ministère public ne s’est pas soucié des droits constituti­onnels de subir un procès dans un délai raisonnabl­e.

Rappelons que l’arrêt Jordan, rendu par la Cour suprême du Canada en juillet 2016, a fixé des plafonds de 18mois pour les procès devant la Cour du Québec et de 30mois en Cour supérieure pour la tenue de procès.

PARTICIPAT­ION SECONDAIRE

Le juge Richer a rappelé que la participat­ion et le rôle présumé des quatre accusés étaient secondaire­s dans le système qui avait cours à Mascouche, si on les compare à ceux des autres accusés.

En effet, selon la prétention de la Couronne, l’avocat Jacques Audette aurait remis 5000$ ou 10000$ pour la campagne électorale de 2009 de l’ancien maire Marcotte, alors que pour les trois autres, les sommes auraient varié entre 1000 $ et 15 000 $.

Le juge a aussi mentionné que, dès le début des procédures, la Couronne aurait dû créer un groupe distinct pour les quatre accusés compte tenu de la preuve dans le dossier.

APPEL?

Pour le tribunal, le délai attribuabl­e à la Couronne est de 56mois et 19jours dans ce dossier, ce qui dépasse le plafond établi dans l’arrêt Jordan.

«Nous prenons acte de la décision du tribunal. Nous allons l’analyser attentivem­ent avant de décider de faire appel ou non», a mentionné Me Pascal Grimard, procureur de la Couronne dans cette affaire.

Aucun avocat des accusés n’a voulu commenter le jugement.

Sur les 15 personnes accusées dans le cadre de l’opération Gravier, quatre personnes et une entreprise ont plaidé coupables à des accusation­s réduites.

Huit ont été libérés des accusation­s pour délai déraisonna­ble ou acquittés faute de preuves, en plus du maire Marcotte, qui est décédé avant d’être jugé.

Le 15e accusé, l’entreprene­ur Tony Accurso, continue de plaider son innocence et devra subir un procès en 2018.

 ??  ?? De gauche à droite, Serge Duplessis, Jacques Audette et Pierre Lamarche ont été libérés des accusation­s auxquelles ils faisaient face puisque la Couronne n’a pas été en mesure de les juger dans un délai raisonnabl­e.
De gauche à droite, Serge Duplessis, Jacques Audette et Pierre Lamarche ont été libérés des accusation­s auxquelles ils faisaient face puisque la Couronne n’a pas été en mesure de les juger dans un délai raisonnabl­e.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada