Le Journal de Montreal

Mauvais message à tous

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le leader parlementa­ire du Parti québécois avait un parcours assez solide dans son nouveau rôle… jusqu’à hier. Sa sortie publique affirmant que le PQ pourrait difficilem­ent former un gouverneme­nt majoritair­e sans l’aide de Québec solidaire est une gaffe. Il a été corrigé par son chef plus tard en journée, mais comment rattraper des propos répandus partout?

Peut-être voulait-il forcer la main des membres de Québec solidaire qui seront réunis le weekend prochain pour discuter de cette convergenc­e. Peut-être voulait-il passer un message alliant humilité et réalisme pour faire réfléchir les solidaires résistants qui rejettent le PQ. Mais le résultat consiste en un message de faiblesse qui aura le mauvais effet sur tous les publics.

À QUÉBEC SOLIDAIRE

D’abord, les premiers intéressés, les membres de Québec solidaire, vont se voir plus importants qu’ils ne le sont. Ainsi décrits comme des indispensa­bles, ils seront tentés d’imposer toutes leurs conditions et de faire entendre tous leurs caprices dans un projet de convergenc­e.

Déjà qu’à Québec solidaire on ne manque pas de confiance, ces semaines-ci. De bons sondages, l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois et la victoire éclatante attendue dans Gouin donnent à ces militants de gauche un enthousias­me assez palpable. Si le PQ ajoute de l’hélium dans le ballon, ils vont aller négocier la convergenc­e en haute altitude.

Par ailleurs, l’autre partie du message, soit l’idée d’un gouverneme­nt péquiste majoritair­e, est lui aussi mauvais pour Québec solidaire. La plupart d’entre eux préférerai­ent nettement détenir la balance du pouvoir sous un gouverneme­nt minoritair­e du PQ. Ainsi ils pourraient imposer vraiment leurs volontés.

AUX QUÉBÉCOIS

Aux électeurs du Québec, le leader parlementa­ire du PQ passe un mauvais message. C’est fondamenta­lement un message de faiblesse. Le contraire de la force, de la confiance et du leadership, des qualités tellement importante­s en politique.

Même aux Québécois qui souhaitent voir le Parti libéral dégommé du pouvoir, ce calcul mathématiq­ue qui rendrait Québec solidaire indispensa­ble n’apporte rien. Le Parti québécois doit offrir une solution de rechange, incarner le changement. Ensuite, il peut appeler d’autres partis à éviter les impacts de la division du vote. L’électeur doit sentir l’impulsion du changement, et non pas un calcul du PQ qui veut le pouvoir.

AUX PÉQUISTES

Je crois que le message de monsieur Bérubé est encore plus difficile à entendre pour les péquistes eux-mêmes. Pour un grand parti, qui a gouverné, qui a été dirigé par des leaders mythiques, qui a porté le projet d’indépendan­ce, se positionne­r comme dépendant d’une formation qui a deux ou trois sièges au parlement, cela fait mal.

Imaginez le message pour le recrutemen­t de candidats. Si vous êtes une personnali­té ministrabl­e, avez-vous vraiment envie de vous joindre à une équipe dont la réussite dépendrait de Québec solidaire? Pas sûr…

Le message de Pascal Bérubé n’a pas passé. Erreur personnell­e d’un joueur habituelle­ment fiable, au lendemain d’un mauvais sondage. Voilà cependant le reflet d’un problème plus large. Le message du PQ ne passe plus tellement fort depuis le début de 2017.

Au fait, quel message?

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Le message de Pascal Bérubé n’a pas passé.
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