Le flou dans le vote de grève critiqué
QUÉBEC | Le mandat de débrayage qui pourrait être exécuté le 24 mai prochain a eu la puissance de 93 % des votants, soutient l'Alliance syndicale, mais elle ne peut préciser le nombre exact de travailleurs ayant participé au scrutin.
«Ç’a toujours été notre faiblesse» a admis au Bureau d'enquête un membre du syndicat sous le couvert de l'anonymat. «On est incapables de vous donner le vrai taux de participation.»
La loi sur l’industrie de la construction (Loi R-20) oblige les cinq syndicats (FTQ, CSN, CSD, Conseil provincial et Syndicat québécois de la construction) à convoquer par écrit chacun de leurs membres à une assemblée dans les 14 régions administratives.
Aucun quorum n’est toutefois exigé pour la tenue de ces assemblées. Peu importe le nombre de travailleurs présents, un vote à scrutin secret est tenu et validé. Le résultat est envoyé à l’Alliance syndicale qui en fait une compilation nationale.
Le président de l’Alliance, Michel Trépanier, soutient que la loi a été respectée à la lettre. «Le processus exigé a été suivi par les cinq associations syndicales. Tous les travailleurs ont été convoqués à des assemblées dans toutes les régions du Québec. Ce processus a duré deux mois et donné lieu à des centaines de rencontres pour un vote de grève.»
MANQUE DE TRANSPARENCE
Le processus est toutefois dénoncé par l’Association de la construction du Québec (ACQ). Dans une lettre à ses membres, l’ACQ n’hésite pas à parler de «manque de transparence et un signe que l’appui à la grève n’est peutêtre pas aussi fort que le laisse entendre l’Alliance syndicale».
Dans les rangs des entrepreneurs, on continue de douter du processus. Leur porte-parole à l’ACQ ne cache pas son scepticisme: «Le droit de grève a été confirmé par le gouvernement, on ne peut rien y faire. Mais la majorité silencieuse s’est-elle vraiment prononcée?»