La méthode Boucher
OTTAWA | Il y a 10 ans que les Sénateurs d’Ottawa n’ont jamais été aussi près de la finale de la Coupe Stanley. Pourtant, ils sont plusieurs à remettre en question la stratégie de Guy Boucher. Les Sénateurs sont comparés aux Devils du New Jersey d’autrefois. Or, les Devils ont remporté leurs trois championnats avec des entraîneurs qui préconisaient un style de jeu hermétique.
Il s’agissait de trois anciens de l’organisation du Canadien, en plus. Le premier fut Jacques Lemaire, de qui Boucher s’inspire beaucoup. Le deuxième fut Larry Robinson, qui a travaillé sous les ordres de ce même Lemaire. Le troisième a été Pat Burns, qui a subi lui aussi l’influence de Lemaire durant ses années derrière le banc du Tricolore.
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Les moins jeunes se rappelleront aussi que Lemaire avait complètement transformé le Canadien lorsqu’il avait succédé à Bob Berry avec un mois à faire à la saison, en 1984.
Serge Savard en était à sa première année au poste de directeur général. L’équipe affichait une fiche inférieure à ,500 pour la première fois en plus de 30 ans. Elle n’allait nulle part.
Lemaire a implanté la trappe et entrepris les séries avec une recrue du nom de Steve Penney devant le filet. Le Canadien est passé à deux victoires de prendre part à la finale.
Les choses s’étaient cependant gâtées avec Guy Lafleur la saison suivante. Se sentant emprisonné dans un carcan et incapable de s’entendre avec son ancien joueur de centre et grand ami Lemaire sur sa façon de jouer, Lafleur préféra tirer sa révérence plutôt que de continuer à jouer.
L’IMPORTANCE DE COMMUNIQUER
Quant à Boucher, il a revécu cette année avec les Sénateurs ce qu’il avait expérimenté à sa première saison avec le Lightning de Tampa Bay. Il héritait d’une équipe qui avait raté les séries un an plus tôt.
Ce n’était pas le bonheur dans les troupes et la confiance faisait défaut.
On a beau s’interroger sur le système de jeu de Boucher, il faut que les joueurs l’acceptent.
Ça demande de la communication et de la persuasion.
«Une équipe de hockey, c’est comme une maison, dit-il, dans son langage imagé.
«On s’attaque d’abord à la structure. Ensuite, il faut passer aux occupants. On doit mettre l’accent sur les relations avec les individus, la chimie et le leadership. On consacre énormément de temps là-dessus. C’est ce qui fait qu’une équipe performe ou pas.
«J’ai toujours abordé mes joueurs de cette façon. Je ne commence jamais par l’équipe. J’échange avec les joueurs un à la fois avant d’y aller collectivement. J’ai toujours eu cette approche que ce soit dans les rangs juniors à Drummondville, dans la Ligue américaine [Bulldogs de Hamilton] et en Suisse.
«Dans tous les cas, ce sont les joueurs qui ont fait le travail. Je suis là pour les aider. J’ai beaucoup de respect pour les joueurs que j’ai dirigés jusqu’ici dans ma carrière. Et je suis vraiment impressionné par ce que nos joueurs ont réalisé cette année. C’est leur équipe.»
KARLSSON ÉTAIT PRÊT À CHANGER
Les Sénateurs sont devenus surtout l’équipe d’Erik Karlsson, qui s’est transformé en véritable capitaine sous la direction de Boucher.
«Notre relation est exceptionnelle depuis que je le connais», affirme l’entraîneur.
«J’ai découvert qu’il est extrêmement réceptif. Il me demande toujours ce que je veux qu’il fasse pour aider l’équipe à gagner.
«Je suis peut-être arrivé au moment opportun dans sa carrière. Nos personnalités se rencontrent. On se comprend.
«Erik est quelqu’un de très intense et qui est très bien concentré quand c’est le temps de performer. Je bénéficie de ses atouts et de sa façon de voir les choses.
«Jusqu’à maintenant, je ne peux souhaiter une meilleure relation avec lui. C’est tout à son honneur. Il veut gagner et il est disposé à représenter l’équipe et à faire tout ce qu’il faut pour que l’on connaisse du succès. C’est très difficile à faire.
«Il est à un stade de sa vie où il voulait faire ça. Il n’y a rien qu’il ne fait pas, il fait tout. Je suis très fier de lui.»
Karlsson peut l’être aussi.