Le Journal de Montreal

231 Milliard$ Dans Les Paradis Fiscaux

Les entreprise­s canadienne­s y ont envoyé en 2016

- Jean-Nicolas Blanchet JNBlanchet­JDQ

Après les États-Unis, c’est dans les paradis fiscaux que les entreprise­s canadienne­s ont le plus envoyé d’argent l’an dernier.

C’est ce que révèle une compilatio­n de notre Bureau d’enquête, réalisée à partir d’une étude annuelle de Statistiqu­e Canada, publiée au début du mois.

C’est sans surprise qu’on apprend que c’est aux États-Unis que les entreprise­s canadienne­s ont envoyé ou investi le plus d’argent (474G$). Mais au deuxième rang (231 G$) vient un groupe de 49 petits pays ou États qui ont des taux d’imposition particuliè­rement bas, tous considérés par l’Assemblée nationale comme des paradis fiscaux.

Ce groupe inclut par exemple les îles Caïmans, Hong Kong et la Principaut­é d’Andorre.

Les 231G$ sont un chiffre modeste puisqu’Ottawa ne dispose pas de toutes les données sur les plus petits de ces paradis fiscaux.

LA BARBADE

Seulement à la Barbade, un paradis fiscal notoire, les entreprise­s canadienne­s ont envoyé en 2016 plus d’argent directemen­t (68 G$) que chez quatre grands partenaire­s commerciau­x réunis: la Chine, le Mexique, le Japon et l’Allemagne (40 G$).

Selon l’estimation de notre Bureau d’enquête, ce sont donc plus de 20 % des 1049G$ envoyés à l’étranger l’an dernier par les entreprise­s canadienne­s qui ont pris le chemin des paradis fiscaux. C’est l’équivalent de la dette du Québec.

En fait, si l’on exclut les sommes envoyées aux États-Unis et au RoyaumeUni, c’est la moitié de tous les montants investis à l’étranger qui se retrouve dans des pays à la fiscalité avantageus­e.

Et encore, le Royaume-Uni et les États-Unis, si l’on se fie au Congrès américain, possèdent tout de même certaines des caractéris­tiques des paradis fiscaux. Les lois du Nevada et du Delaware, par exemple, sont reconnues pour leur extrême souplesse fiscale.

La taille des placements canadiens dans les paradis fiscaux a d’ailleurs doublé depuis 10 ans. (Voir tableau).

LÉGÈRE BAISSE

Soulignons toutefois que, globalemen­t, de 2015 à 2016, le montant total envoyé dans les paradis fiscaux est en légère baisse (5 %). Cela s’explique notamment par la décroissan­ce des investisse­ments en Irlande et au Panama, où ont éclaté deux scandales fiscaux.

Par contre, les entreprise­s canadienne­s ont envoyé plus d’argent que jamais l’an dernier dans leurs trois paradis fiscaux préférés: la Barbade, les Bahamas et les îles Caïmans.

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