Drôle de fête pour Montréal
Guy A. Lepage et Serge Denoncourt avaient prédit que leur spectacle Bonne fête Montréal serait historique, mythique, mémorable. Le genre d'événement comme Ginette Reno chantant sur le mont Royal, Magie Rose de Diane Dufresne ou 1 fois 5. De ces spectacles dont on dit «J'y étais» avec des larmes aux yeux ou «J'ai manqué ça» avec des regrets dans la voix.
Heu désolée, mais ce spectacle ne passera à l'histoire que pour une raison: il a été l'occasion pour Guy A. Lepage de montrer l'étendue de son ego, aussi vaste que le Centre Bell.
PAS UN 7 UP
Laurent Paquin a été hilarant en maire Coderre; Gad Elmaleh a été savoureux en québéco-marocain; et Louis-José Houde a été charmant avec ses souvenirs érotico-montréalais.
Mais l'ex-RBO, lui, a enfilé les blagues de mauvais goût... Dénonçant le fait que l'aéroport Dorval porte le nom de Pierre Elliott Trudeau (qui a exproprié des agriculteurs pour construire Mirabel), il a affirmé que c'était comme si un CPE s'appelait Centre Guy Turcotte, comme si un centre pour femmes battues s'appelait Karla Homolka ou comme si une boucherie dans le Chinatown s'appelait Luka Rocco Magnotta. A-t-il vraiment comparé notre ancien PM à un père infanticide et deux meurtriers en série? Et après, ça vient faire la morale aux radios de Québec...
Justement, à trois reprises, l'animateur a lancé des blagues méprisantes sur la ville de Québec, présentée comme «plate» et peuplée de péquenots. Môsieur Lepage n'a pas encore digéré l'échec de son dernier passage dans la Capitale-Nationale...
Si Guy A. s'était contenté d'animer, ça aurait été une chose. Mais il s'est imposé comme chanteur, en nous écorchant Staying Alive de sa voix nasillarde. Et c'est lui qui a entonné un court medley de Beau dommage. Il n'y avait pas un seul vrai chanteur professionnel qui pouvait nous offrir
Le blues de la métropole et Tous les palmiers? Pendant plusieurs chansons, il s'est joint aux choristes. Pardon? Quand tu as Kim Richardson et Lulu Hughes comme choristes tu n'as pas besoin de rajouter ta voix à celle des pros. Tu te tais, tu écoutes et tu applaudis.
BONJOUR HI MAISONNEUVE
Il y a eu deux moments mémorables mercredi: la divine Diane Dufresne, qui a livré une interprétation magistrale du Parc Belmont, et le choeur de femmes qui a repris Hallelujah du grand montréalais Leonard Cohen. Mais sincèrement, qu'est-ce qu'un hommage au disco entièrement en anglais venait faire dans cet hommage à Montréal, ville francophone par excellence?
On a senti toute la soirée que les organisatrices voulaient souligner le caractère multiculturel de Montréal, pour ne pas se faire accuser d'être xénophobes, intolérantes, ou politiquement incorrectes. On a entendu des chansons en anglais, en arabe, en espagnol, en italien et même dans une espèce de bouillie de franglais (grâce aux Dead Obies).
Mais c'est comme si le caractère distinctif du français comme langue officielle de Montréal était balayé sous le tapis pour n'offenser personne.
Est-ce normal qu'on ait passé plus de temps à chanter des Bee Gees que du Beau Dommage?
On en est rendu là? Ouvrir une soirée de fête de la métropole avec une chanson en espagnol qui dit à quel point c'est beau de voir à Montréal une étudiante japonaise étudier en anglais?