Un premier choc à Cannes
CANNES | (AFP) Le premier choc du Festival de Cannes est venu de Russie jeudi, avec Faute d’amour, d’Andreï Zviaguintsev, un film âpre et étouffant qui propose une vision d’une société brutale et déshumanisée à travers la disparition de l’enfant d’un couple moscovite.
Habitué de la Croisette, où il a remporté le Prix du scénario pour Leviathan, en 2014, et le Prix du jury, en 2011, dans la section «Un certain regard» pour
Elena, Zviaguintsev continue avec ce cinquième long-métrage de dresser un constat amer sur l’état de son pays. Il le dépeint en perte de repères, de valeurs, sombrant dans l’individualisme et l’hypocrisie sous toutes ses formes.
«Je n’imagine pas faire quelque chose qui ne m’émeuve pas. Ce sont des problèmes que je veux aborder, je les trouve importants», a déclaré le réalisateur, sur Canal+, précisant s’être inspiré d’une histoire vraie pour écrire son scénario.
L’effondrement de l’âme se traduit ici par l’incapacité d’un couple d’aimer son enfant de 12 ans, qui est meurtri par la violente séparation qui se produit sous ses yeux. La mère (Maryana Spivak) et le père (Alexeï Rozin) se battent, non pas pour obtenir la garde du fils, mais pour se débarrasser de celui qui constitue le dernier obstacle à leur nouvelle vie.
ScèneS difficileS
Une scène de dispute donne lieu à un premier moment asphyxiant lorsqu’on découvre l’enfant en pleurs, caché derrière une porte. Autant par le cadre que par le son, cette séquence est bouleversante.
Une autre scène remue. On a beau l’anticiper et se croire prêt à l’affronter, comme le dit elle-même la mère, qui va finir par s’effondrer.
Mais, le film ne repose pas uniquement sur ces scènes «coup de poing». Il y a tout ce qui n’est pas montré, tout ce qui n’est pas dit et pourtant saute aux yeux. Le réalisateur ne prend jamais le spectateur par la main. Ses clés pour comprendre ce dont il est réellement question derrière ce fait divers sont multiples.