Le Journal de Montreal

Traitée comme une reine dans son CHSLD

- StéphAnie Gendron

SAINT-ANTONIN | Ludivine Dionne vient d’avoir 100 ans et rayonne dans sa petite chambre du CHSLD. Le personnel la surnomme affectueus­ement Lulu, lui sert une collation lorsqu’elle a faim et rivalise d’astuces pour préserver sa dignité.

Ludivine Dionne s’est montrée insultée lorsque le personnel du CHSLD de Saint-Antonin, dans le Bas-Saint-Laurent, a voulu installer un détecteur de mouvements dans son lit, elle qui est sujette aux chutes. Pour ne pas l’embêter, on a plutôt installé un tapis au pied de son lit, qui détecte ses mouvements.

«Elle, elle pense que c’est un tapis ordinaire, alors que sa sécurité est assurée», se réjouit sa fille, Lise Pelletier.

Ludivine Dionne, une enseignant­e au primaire qui a passé sa vie à L’Isle-Verte, ne voulait pourtant rien savoir d’aller en CHSLD. Sa fille avait même caché ses larmes lorsqu’elle l’y avait laissée le premier soir.

Mais depuis qu’elle y demeure, celle que l’on surnomme Lulu ne cesse de dire qu’elle est bien traitée, qu’elle y mange bien et qu’elle aime les gens autour d’elle.

BONNE BOUFFE

En bonne santé physique, Mme Dionne présente quelques signes de démence en raison de son âge.

Depuis quelque temps, elle se nourrit de purée. À la cuisine, les employés passent tout simplement le même boeuf aux légumes servi aux autres au mélangeur. «Si elle veut une collation en soirée ou un jus en après-midi, on le lui donne et c’est tout, tout comme aux autres bénéficiai­res», souligne Mme Pelletier, qui se décrit comme une femme exigeante.

D’ailleurs, lorsqu’elle a entendu parler des patates en poudre dans les CHSLD, elle s’est rendue en cuisine pour poser des questions. «Le cuisinier m’a dit que tant qu’il serait là, il n’y en aurait pas de patates en poudre», dit-elle.

Parfois, Ludivine Dionne ne veut pas d’aide pour prendre son bain alors qu’elle en a besoin. Lise Pelletier a été témoin d’un moment où une préposée s’est allongée quelques minutes à côté de sa mère dans son lit pour se reposer un peu, avant de l’inciter de nouveau à aller au bain, ce qui a fonctionné. «J’ai trouvé cela très humain», a dit Mme Pelletier.

TROUVER DES TRUCS

Diane Boucher, une infirmière auxiliaire qui prend soin de Mme Dionne, assure qu’il ne s’agit que de prendre le temps, de trouver des trucs et de s’adapter aux aînés qui bénéficien­t de leurs soins. Il y a quelques années, le CHSLD de Saint-Antonin était au maximum de sa capacité, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

«Mais, peu importe, ils ont toujours pris le temps», dit Lise Pelletier.

Celle-ci ne peut pas croire qu’on n’assiste, en majorité, qu’à des histoires d’horreur dans les CHSLD. «Je ne dis pas que ça n’existe pas. Mais il y a aussi de belles histoires, comme celle de ma mère.»

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Ludivine Dionne, bientôt 100 ans, et heureuse des soins donnés par l’infirmière auxiliaire Diane Boucher.

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