Le Journal de Montreal

La liberté dans son «appartemen­t»

Un homme de 26 ans est heureux d’habiter en CHSLD, mais aimerait vivre dans un endroit pour les jeunes

- Héloïse Archambaul­t HArchambau­ltJDM

Sorties en ville, rencontres en ligne, romans publiés: un jeune homme de 26 ans est heureux de vivre dans un CHSLD, où son «appartemen­t» lui procure toute la liberté pour s’épanouir. Le seul hic? Il aimerait bien vivre dans un endroit pour les jeunes.

Un simple coup d’oeil à la chambre de Gabriel Laguë détonne comparativ­ement à ce qu’on a l’habitude de voir en centre d’hébergemen­t de soins de longue durée (CHSLD).

Hier, Le Journal publiait les problèmes dans le réseau grâce à des témoignage­s d’employés et de résidents.

À l’opposé, la chambre du jeune homme est tapissée d’affiches de dragons et de figurines de personnage­s fantastiqu­es. Les consoles de jeux vidéo et les fils de connexion internet longent les murs.

INFIRMIÈRE SUR PLACE

«Je suis vraiment bien installé, reconnaît-il. Je suis comme dans mon appartemen­t. Et s’il m’arrive quelque chose, j’ai une infirmière sur place.»

Atteint de dystrophie musculaire de Duchenne, Gabriel Laguë ne peut plus marcher depuis l’âge de 13 ans et a besoin de soins constants.

Depuis quatre ans, il vit au centre d’hébergemen­t de Contrecoeu­r, en Montérégie.

«Je me disais que ça n’avait pas l’air si pire que ça. J’étais content de déménager de chez mes parents», avoue-t-il.

«C’est sûr que j’aimerais mieux un CHSLD avec juste des jeunes, dit-il. Mais j’ai un ami ici qui a mon âge. C’est mieux qu’être seul chez nous.»

La décision d’aller vivre dans un CHSLD n’a pas été facile à prendre, mais il n’avait pas vraiment le choix. Seule autre option? Un appartemen­t supervisé.

«Mais, il n’y a pas autant de soins. C’est mieux ici», croitil, précisant que son état de santé est stable.

PAS DE COUVRE-FEU

Au quotidien, Gabriel Laguë se lève à 11h et passe beaucoup de temps dans sa chambre, à l’ordinateur. Il a même publié deux romans d’histoires fantastiqu­es depuis deux ans.

«Les employés me laissent ma liberté et ne se mêlent pas de ma vie privée. Ils savent que je vais aller les voir si j’ai besoin d’aide», explique celui qui fait partie d’une équipe de powerchair football.

Parfois, il sort voir des spectacles à Montréal avec ses proches et revient souvent après minuit.

«Je n’ai pas de couvre-feu et ça ne les dérange pas», juret-il.

Toutefois, Gabriel Laguë note que la qualité des soins a diminué, au cours des dernières années, et que les préposés manquent souvent de temps.

ET L’AMOUR?

«On manque de staff, constate-t-il. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas donner de soins, mais ils courent partout. Des fois, on peut attendre trente minutes pour aller aux toilettes.»

Et quant à l’avenir, Gabriel Laguë ne sait pas s’il restera longtemps en CHSLD. Du moins, cela dépendra si ses rencontres sur internet portent leurs fruits.

«Si je suis seul, je vais rester ici. Mais, si je me trouve une femme, je ne sais pas ce qui va arriver», confie-t-il.

 ??  ?? Âgé de 26 ans seulement, Gabriel Laguë habite dans un CHSLD depuis maintenant quatre ans et considère l’endroit comme son appartemen­t. Il ne s’empêche pas d’aller voir des spectacles à Montréal et de rentrer après minuit.
Âgé de 26 ans seulement, Gabriel Laguë habite dans un CHSLD depuis maintenant quatre ans et considère l’endroit comme son appartemen­t. Il ne s’empêche pas d’aller voir des spectacles à Montréal et de rentrer après minuit.

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