Le Journal de Montreal

Impossible de se douter qu’ils sont des voleurs

Un ancien avocat et un homme sans le sou pour l’épicerie sont parmi plusieurs personnes condamnées en Cour municipale

- Annabelle Blais ABlaisJDM

Gilles ne représente certaineme­nt pas l’image que l’on se fait d’un voleur avec ses cheveux blancs et sa canne. L’ancien avocat de 64 ans a pourtant caché 50 $ d’orthèses dans son manteau en sortant d’un Jean-Coutu.

«C’était pour une femme que j’accompagna­is et qui n’avait pas d’argent pour payer», assure-t-il.

Des Gilles, la Cour municipale de Montréal en voit tous les jours. «Avec l’alcool au volant et la violence conjugale, le vol à l’étalage compte parmi les infraction­s criminelle­s les plus courantes, affirme l’avocat Xavier Cormier de la firme Cormier Simard.

Par manque d’argent ou en raison de troubles psychologi­ques, des personnes vulnérable­s commettent ces vols.

La peine pour ce crime peut aller jusqu’à l’emprisonne­ment. Un casier judiciaire suivra ces contrevena­nts bien longtemps, compromett­ant ainsi leur avenir profession­nel. Et pour les agents de sécurité, certaines arrestatio­ns brisent le coeur.

Gilles a accepté de nous accorder une entrevue à condition de ne pas révéler son vrai nom. Il craint d’être reconnu par de vieux collègues.

D’AVOCAT À ACCUSÉ

L’homme a déjà eu plusieurs ennuis profession­nels et a une santé fragile.

Lui qui a défendu plusieurs clients dans des causes de vol au cours de sa carrière se retrouve maintenant au banc des accusés.

En mars 2015, il a été arrêté à la sortie d'une pharmacie située à Montréal-Nord. Un agent de sécurité l’avait aperçu en train de retirer des orthèses pour pied de leur boîte avant de les camoufler sous son manteau.

«J’ai fait ça sur le coup, j’ai pas trop pensé», affirme-t-il.

Il assure qu’il avait l’argent pour payer et qu’il s’agissait de son premier vol à l’étalage.

«Je crois que les personnes âgées ne devraient pas avoir à payer pour ça. J’ai voulu me faire justice moi-même. Je me suis trouvé un peu niaiseux après», soupire-t-il.

À quelques jours de Noël, l’an dernier, Gilles s’est donc retrouvé en Cour municipale.

Il a décidé de plaider coupable et a écopé d’une amende de 300 $ ainsi que d’une probation de six mois inscrite à son casier judiciaire.

Comme il a quelques infraction­s au code de sécurité routière, il n’a pas demandé d’absolution inconditio­nnelle à la juge, ce qui lui aurait évité un casier judiciaire.

«Ça m’a servi de leçon», assure-t-il.

PANIER DE NOURRITURE

Sebastien, un jeune homme de 24ans, a aussi plaidé coupable à un vol de 460$ commis avec un membre de sa famille dans un Walmart en avril 2015.

Le duo est entré dans le magasin, a rempli un panier de nourriture et s’est dirigé vers l’extérieur. Il doit retourner en cour prochainem­ent pour connaître sa peine.

«Je n’avais pas d’argent pour payer», expliquera-t-il au Journal à sa sortie de la salle. «C’était la première fois que je faisais ça… c’est sûr que je suis inquiet pour ma sentence», lâche-t-il avant de partir.

«JE CROIS QUE LES PERSONNES ÂGÉES NE DEVRAIENT PAS AVOIR À PAYER POUR ÇA (DES ORTHÈSES). J’AI VOULU ME FAIRE JUSTICE MOI-MÊME. JE ME SUIS TROUVÉ UN PEU NIAISEUX APRÈS.» – Gilles, ancien avocat. Il a été photograph­ié en silhouette pour ne pas être reconnu.

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