Le Journal de Montreal

Des gens en grande détresse psychologi­que

- ANNAbELLE bLAis

La pauvreté n’explique pas à elle seule que de nombreuses personnes commettent des vols à l’étalage. Bien souvent, le vol traduit un trouble psychologi­que beaucoup plus profond.

«Il y a des gens qui vivent dans la précarité financière et en arrachent vraiment, dit Nathalie Thibodeau, chef d’équipe du programme EVE (Entraide Vol à l’étalage), qui s’adresse aux femmes. Mais ils ont aussi très souvent des problèmes de santé physique. Ce sont des gens très isolés, sans réseau d’aide.

«Mais quand ça fait plusieurs années que tu voles, ce n’est pas qu’une question financière. C’est peut-être que tu n’as pas voulu faire les sacrifices ou les efforts, précise-t-elle. Avec le programme EVE, on va les aider à se responsabi­liser et à prendre des décisions pour améliorer leur condition.»

toxicomani­e

Certaines sont parfois aux prises avec des problèmes de toxicomani­e. À Noël, qui est une période de nostalgie, certaines peuvent rechuter et avoir un besoin pressant d’argent, affirme Mme Thibodeau.

D’autres souffrent de dépression et d’anxiété. «L’objet convoité leur donne l’illusion d’être heureuses pendant un temps, explique l’intervenan­te. Il y a aussi, et on ne peut pas le nier, le fait que nous vivions dans une société de consommati­on [où] on est quelqu’un à partir de ce qu’on possède.»

Le vol peut aussi être un appel à l’aide. Ces gens ont souvent vécu de profondes blessures, comme un deuil difficile ou une agression sexuelle. Ils sont en proie à une grande détresse psychologi­que et ne savent pas comment demander de l’aide. «J’ai quelques clientes qui vont voler, et c’était ça ou le suicide», dit-elle.

Au fil du temps, Mme Thibodeau a, par exemple, vu des femmes qui avaient perdu un enfant et qui avaient volé des objets pour bébé. Elle voit aussi souvent des femmes souffrant de troubles alimentair­es dérober de la nourriture.

La cour voit aussi des femmes qui ont agi sous la contrainte d’un conjoint ou d’un réseau organisé. «Il y a des réseaux et, parfois, elles sont manipulées et utilisées», ajoute-t-elle.

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