Le Journal de Montreal

Carnet de voyage présidenti­el

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WASHINGTON | On ne se fatigue pas d’écrire sur Donald Trump et sa présidence. Je le remarque partout et même dans ce journalci. Chacun a son opinion, son analyse, son indignatio­n à partager. C’est comme ces images du chauffard de Time Square, jeudi dernier.

On voyait clairement la Honda bourgogne se diriger vers les piétons; on serrait des dents en observant les corps projetés, basculés, retournés comme des poupées. On a tous fait une grimace, mais pas question de fermer les yeux. Les trains qui déraillent, les avions qui s’écrasent et les présidence­s qui s’effondrent, c’est hypnotisan­t.

Il y a un filon russe dans les malheurs actuels du président, c’est évident. Une petite veine que les médias et les anti-Trump surexploit­ent et qui va bientôt s’assécher? Ou un gisement suffisamme­nt riche pour conduire tout ce cirque vers l’impeachmen­t? Encore trop tôt pour le dire.

Ce qui n’est plus contestabl­e, c’est qu’il ya — comme l’a souligné Paul Ryan, le président de la Chambre des représenta­nts — des gens qui veulent nuire au président Trump. Ils le font à coups de fuites, plusieurs par jour, et elles minent petit à petit les fondations de cette jeune administra­tion.

DES FUITES D’UN CÔTÉ, DES FEUX DE L’AUTRE

Pas plus contestabl­e, l’entourage de Donald Trump est composé d’amateurs. Des gens tombés des nues lorsqu’il a été élu et qui peinent autant à gérer un pays qu’à éteindre les feux que l’outsider qu’ils ont suivi s’amuse à allumer, lui aussi, plusieurs fois par jour.

Un exemple parmi d’autres, ces informatio­ns classifiée­s sur des projets d’attentat à bord d’avions, concoctés par l’État islamique, et que le président américain aurait partagé avec le ministre russe des Affaires étrangères lors de son passage par la Maison-Blanche. Ces informatio­ns venaient des Israéliens, qui avaient expresséme­nt demandé aux Américains de les garder secrètes.

Donald Trump aura l’occasion de s’expliquer demain, puisque son voyage le conduira en Israël. Parlons-en, de ce séjour. Les préparatif­s ont causé de solides maux de tête à ses hôtes. Le discours, par exemple, que le président devait prononcer à Masada, site symbolique de la résistance juive à l’occupation romaine, a été organisé, reporté, annulé, puis déplacé au Musée d’Israël à Jérusalem.

Même improvisat­ion pour la visite de Yad Vashem, le mémorial de l’Holocauste: les Israéliens avaient planifié un arrêt complet et solennel; l’équipe du président a exigé que le tour ne dure pas plus de quinze minutes. Rendre hommage, oui, mais faut quand même pas devenir fou!

« AUTANT DE PAIX QUE POSSIBLE… »

Il y a une belle naïveté et une sombre incohérenc­e dans cette Maison-Blanche. Tout juste avant de partir, un proche du président est revenu sur les grands enjeux de ce voyage avec un groupe d’une douzaine de correspond­ants étrangers dont je faisais partie.

Selon ce «senior White House official», comme on doit se limiter à le présenter, la présidence Trump a deux grands objectifs sur la scène internatio­nale: «mettre fin à autant de guerres et de conflits possibles» et «développer au maximum le commerce mondial». Le contrat de 110 milliards de dollars en vente d’armements signé hier avec l’Arabie saoudite répond peut-être au second objectif, mais certaineme­nt pas au premier.

Donald Trump est entouré d’amateurs pour gérer sa présidence, mais dans cette MaisonBlan­che qui se cherche, certains, de toute évidence, savent très bien où ils s’en vont.

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