Doit-on crainDre la corée Du norD ?
La situation s’est récemment envenimée entre la Corée du Nord et les États-Unis, à tel point que certains ont cru à l’imminence d’un conflit. Mais doit-on redouter cette montée d’animosité ou s’agit-il d’un pas de plus dans cette sempiternelle danse que s
Une certaine mise en contexte s’impose pour comprendre les événements des dernières semaines. Même si le dossier de la Corée du Nord est revenu à l’avant-scène avec l’entrée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le rehaussement des tensions entre Washington et Pyongyang remonte à 2016, précisent les experts Benoît Hardy-Chartrand et Barthélemy Courmont. «Durant cette année-là, le régime de Kim Jong-un a rehaussé son programme nucléaire. Il a effectué deux essais nucléaires et fait environ 25 essais de missiles balistiques de différents types. Ç’a été une année où le régime a eu une politique de défense et une politique étrangère plus belliqueuses», explique M. Hardy-Chartrand, chercheur du Centre pour l’innovation de la gouvernance internationale.
DÉBUT DE L’ÈRE TRUMP
Depuis ce temps, la situation n’a cessé de s’envenimer et elle a atteint un point culminant à l’entrée en poste de Donald Trump. Avec un discours plus guerrier que celui de son prédécesseur et une attitude imprévisible, l’arrivée du nouveau président dans le bureau ovale a fait grand bruit en Asie. «Au cours des dernières semaines, on lisait dans la presse sudcoréenne que les autorités sont plus inquiètes de Washington que du Nord. Ça fait 70 ans qu’on vit avec Pyongyang, donc on sait de quoi ils sont capables. Mais en revanche, on est très inquiet de cette ingérence de Washington et du caractère imprévisible de l’administration Trump», indique Barthélemy Courmont, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
DYNAMIQUE EXPLOSIVE
Cette toute nouvelle dynamique a permis l’atteinte d’un point culminant dans les tensions entre les deux pays, rarement vu depuis la fin de la guerre de Corée, en 1953.
Si certains ont évoqué un possible éclatement dans la péninsule coréenne, les experts consultés par Le Journal relativisent la situation. Même si les acteurs sont tendus de part et d’autre, que ce soit par la menace d’essais nucléaires nord-coréens ou par l’envoi de la flotte américaine, le point de non-retour du conflit armé est encore loin d’être atteint.
AUCUN INTÉRÊT À FAIRE LA GUERRE
«Personne n’a intérêt à s’engager dans un conflit actuellement. La Corée du Nord ne veut pas la guerre, elle est dans le marchandage pur et simple», croit M. Courmont, parlant d’un autre épisode comme on en voit depuis 1953. «Ç’a toujours été sa stratégie de survie de jouer sur sa capacité de nuisance et de destruction pour contraindre l’autre à négocier.» De son côté, Benoît Hardy-Chartrand est aussi d’avis que le régime nord-coréen a «toujours été bon pour ne pas traverser la ligne et pour faire passer ses messages». Toutefois, l’expert craint l’effet baril de poudre que de telles tensions peuvent engendrer à long terme. «Il y a toujours des risques lorsque les deux parties sont si actives. Par exemple, la présence américaine dans la péninsule pourrait mener à une incompréhension, un mauvais calcul stratégique et devenir l’étincelle qui fait tout éclater.» Les tensions des dernières semaines ont donc eu pour effet de mettre tout le monde sur les dents, mais nous ne sommes pas à l’aube d’un conflit nucléaire, rassurent les deux chercheurs. «Le moment le plus fort de la crise est passé, à mon avis, confie Barthélemy Courmont. Nous n’en sommes pas à préparer une nouvelle guerre de Corée. Pour qu’il y ait la guerre, un de deux belligérants doit se lancer dedans et aucun des deux n’a intérêt à le faire actuellement.»