Aux sources de la naissance d’Al-Qaïda
Scénariste pour le cinéma et la télé, passionné par les jeux d’espionnage russes et américains, auteur de trois polars, Mario Bolduc a revisité les racines d’al-Qaïda et l’invasion soviétique en Afghanistan pour écrire son quatrième livre, Le tsar de Pesh
Son histoire débute en 2006 à Saint-Pétersbourg. À l’hôtel Volkova, l’importateur Richard Rocheleau reçoit tous les honneurs pour l’ensemble de sa carrière, sous les yeux de sa fille Nadia.
Cette gloire tardive cache néanmoins un passé compliqué. Alors qu’il était installé à la frontière de l’Afghanistan dans les années 1980, celui qu’on surnommait le «tsar de Peshawar» s’est retrouvé au coeur de la guerre menée par les moudjahidines contre l’envahisseur soviétique. Les fantômes de cette époque très dure n’ont jamais cessé de le hanter, comme le découvrira Nadia.
DES QUÉBÉCOIS À L’ÉTRANGER
Le sujet est passionnant. «J’exploite le créneau du roman à caractère international, mais ce sont toujours des personnages québécois qui sont appelés à être à l’étranger, soit pour des raisons familiales, ou parce qu’une enquête les amène dans ce coin. Dans le cas du Tsar de Peshawar, c’est une famille installée au Pakistan, à la porte de l’Afghanistan, à un moment charnière de l’histoire de ce pays et de l’histoire de l’Occident. Pour moi, c’était important de bien camper cette famille à cet endroit, et à partir de là, créer une histoire.»
Décrire l’Afghanistan des moudjahidines lui a demandé beaucoup de travail de documentation: livres, revues, documentaires, etc. «Je me suis nourri de tout cela. En lisant, il me vient une idée: l’angle que je vais prendre.» Il a été fasciné par la visite d’une délégation de talibans au Texas. «Voilà une chose intéressante: et si, par hasard, ces gens-là s’étaient arrêtés à Montréal? Peut-être que ce serait un point de départ pour un bon roman? C’est la petite étincelle dont j’avais besoin pour me lancer dans l’écriture», dit-il.
MONTÉE DE L’ISLAMISME
Il a constaté à quel point cette période était importante dans l’histoire de l’Occident. «C’est à partir du moment où l’URSS va bientôt se terminer. La guerre commence en 1979, peu après la prise du pouvoir par Khomeiny en Iran. La montée de l’islamisme, ça commence là.»
«Quand la guerre se termine, on est à quelques mois de la chute du mur de Berlin. C’est la fin du monde communiste, la fin de l’Europe de l’Est, bientôt la fin de l’URSS en 1991. Ces dix années ont été les années charnières qui ont permis de passer d’un ennemi à un autre ennemi, si on peut dire.»
Pour lui, c’était le début d’une nouvelle mouvance. «Cette histoire est vue par une jeune fille qu’on voit vieillir. Au moment où le roman se passe, en 2006, elle est adulte et retourne en Russie. On a le portrait de cette jeune femme, de l’époque où elle était une enfant jusqu’à l’âge adulte. Elle a été témoin de tout ce développement politique.»