Briller parmi les meilleurs !
Le festival des dépassements de coûts bat son plein à la Société des traversiers du Québec. La succession de mauvaises planifications défie tout entendement.
On pourrait vraiment en rire, si ce n’était notre argent que l’on dépense au gré du vent avec une insouciance révoltante. Pensez-y. Étape 1 – Pour remplacer les vieux navires qui effectuent la traverse Tadoussac–Baie-Sainte-Catherine, la STQ fait construire deux bateaux neufs à la Davie. La livraison était prévue pour le printemps 2015. Mais, selon le constructeur, la STQ a modifié les devis, ajouté des demandes et mal traduit des documents. Deux ans plus tard, les bateaux ne sont pas terminés, les coûts seraient passés de 125 millions $ à 200 millions $
Étape 2 – Les actuels navires de Tadoussac–Baie-Sainte-Catherine seront transférés à Sorel, mais le coût estimé de leur mise aux normes a gonflé de 8 millions $ à 39 millions $.
C’est déjà cinq fois plus, et les travaux ne sont même pas commencés!
Étape 3 – Pour accueillir ces deux navires à Sorel, il faut adapter les quais.
L’estimation des coûts a grimpé de 10 millions $ à 40 millions $. Et la STQ demande maintenant 10 millions $ de plus. C’est sans compter la transformation des autres quais. (10 millions $ à 45 millions $ à Matane et 20 millions $ à 40 millions $ à Tadoussac)
Étape 4 – Pendant ce temps, le traversier flambant neuf de Matane, made in Italie au coût de 175 millions $, utilisant une ronflante technologie au gaz naturel liquéfié, est constamment en arrêt de services. Il a coûté près d’un million de dollars par année en entretien, presque autant que le vieux bateau précédent datant de 1974.
PAS GRAVE
Et puis? «Qu’il y ait des ajustements, c’est normal», avait répondu le ministre qui était responsable de la STQ, Jean D’Amour. La responsabilité de surveiller l’insondable société a depuis atterri sur les épaules de Laurent Lessard.
Son bureau a confirmé à notre Bureau parlementaire, mardi, qu’une lettre a été expédiée au Vérificateur général pour qu’il porte une attention particulière à la société pleine de surprises.
240 000 $ POUR LE BIEN-ÊTRE
Mais de toute façon, les exemples d’utilisation loufoque de fonds publics pullulent, même s’ils sont fréquemment dénoncés.
Ainsi, 240 000 $ seront dépensés sur trois ans pour évaluer les effets de l’illumination du pont Jacques-Cartier sur le «bien-être» des Montréalais. Ce n’est pas une farce. Les possibles effets sur l’environnement seront aussi étudiés par l’Université Laval, gratifiée de la généreuse subvention.
La société fédérale Ponts Jacques-Cartier et Champlain veut vraiment savoir si les contribuables seront moins déprimés en regardant briller le pont de mille feux.
On les imagine, béats. En regardant au loin le pont scintillant, ils sentiront moins l’aspirateur qui siphonne leurs poches.