Le Journal de Montreal

Les signaleurs victimes de la grève

- Camille Garnier

Un signaleur routier de Longueuil affirme être un oublié de la grève alors qu’une semaine sans travail lui coûtera 650 dollars.

«Nous sommes 3000 signaleurs au Québec et personne ne pense à nous», lance Jean-François Dionne, contremaît­re et président de l’Associatio­n des travailleu­rs en signalisat­ion routière du Québec.

«Dans notre métier, on ne fait pas 40 piasses de l’heure comme les gars de la constructi­on, mais seulement 17. Aucun de nous n’a voté pour cette grève.»

«Ma femme est employée chez Walmart, elle ne gagne pas plus que moi. Cette grève, cela veut dire que l’on va devoir priver notre fille de 11 ans.»

Jean-François Dionne se plaint d’être complèteme­nt soumis aux décisions des travailleu­rs de la constructi­on sans bénéficier de leurs avantages.

«Chez nous, on n’est pas payés double quand on travaille avant 6 heures du matin, et le samedi, c’est un jour comme les autres.»

«Les syndicats se battent pour des choses qu’on n’a pas, et du même coup, ils nous enlèvent le peu qui nous reste. Beaucoup de collègues ont peur de se retrouver au chômage ou sur l’aide sociale. Certains se demandent comment ils vont payer leur loyer et leur char.»

50 000 DOLLARS DE PERDUS

Les entreprise­s spécialisé­es sont elles aussi en colère.

«Cette semaine va nous coûter au moins 50 000 dollars, se désole Linda Bouchard, secrétaire de l’entreprise Signalisat­ion routière du Québec. La saison ne dure que jusqu’à septembre et elle commence très mal. On espère une loi spéciale et une reprise du travail rapidement.»

Linda Bouchard a peur que cette grève ait des conséquenc­es à long terme sur l’entreprise.

«Comme nos chantiers sont fermés, on est forcés de dire à nos employés de rester chez eux. J’ai peur que nos meilleurs éléments se tannent et quittent la job. C’est assez dur comme ça de recruter.»

Luc Simard, vice-président du Comité Signalisat­ion du Québec confirme: «Rien qu’à Montréal, on a une centaine de postes à combler. C’est sûr que ce genre de situations ne nous aide pas à attirer les jeunes.»

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