L’UPAC s’est aussi intéressée à des transactions de Marc Bibeau
L’Unité permanente anticorruption s’est aussi intéressée à des transactions impliquant l’exgrand argentier du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, ses proches et ses entreprises dans le cadre de son enquête sur le financement politique illégal.
Notre Bureau d’enquête révélait hier que l’UPAC s’était penchée sur des transactions impliquant Pierre Bibeau, un ex-organisateur libéral influent. Cet ex-vice-président de Loto-Québec a même été pris en filature par les policiers.
C’est également à la demande de l’UPAC que le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE) a épluché pour plus de 25 M$ en transactions de la famille Bibeau et de ses entreprises, de 2005 à 2013.
Sous le premier ministre Jean Charest, Marc Bibeau était considéré comme le grand argentier du Parti libéral du Québec, celui responsable de remplir les coffres du parti par le biais d’activités de financement qui font toujours l’objet d’enquêtes.
TRANSACTIONS D’INTÉRÊT
Le CANAFE est un organisme fédéral chargé de recueillir les renseignements sur toutes les transactions financières pouvant être utiles à des enquêtes sur le recyclage des produits de la criminalité, notamment.
L’organisme fédéral a notamment identifié quatre «opérations importantes» en argent liquide.
Le document qu’a consulté notre Bureau d’enquête ne permet cependant pas de savoir exactement qui, parmi les membres de la famille Bibeau ou de leurs entreprises, a fait les quatre paiements en espèces ou qui en sont les bénéficiaires. Chacune de ces transactions totalisait plus de 10 000 $.
Contacté par notre Bureau d’enquête, un avocat de Marc Bibeau, Stéphane Eljarrat, dit ne pas pouvoir fournir de précisions sur ces paiements.
«Nos clients ne peuvent retracer avec certitude ces transactions alléguées et donc ne peuvent pas vous fournir plus de détails, écrit-il. Toutefois, il n’y rien d’illégal dans le fait de déposer 10000$ dans une banque.»
ÎLE MAURICE
Le CANAFE a aussi relevé plusieurs paiements des entreprises des Bibeau à l’étranger, dont un paiement de Schokbéton Québec inc. à l’île Maurice, un paradis fiscal de plus en plus en vogue. Cette société appartient à une compagnie à numéro que dirige Marc Bibeau.
Son avocat n’a pas pu donner de détails sur ces transactions non plus. «Vu l’imprécision des montants et des dates, nos clients ne peuvent vous répondre avec précision, dit Stéphane Eljarrat. Par contre, il est clair que ces transactions alléguées n’ont rien avoir avec le blanchiment d’argent ou des investissements dans des paradis fiscaux.»
En conclusion de son courriel, il précise que «tout article laissant faussement croire ou sousentendre (que les Bibeau auraient fait des transactions illégales) causerait à nos clients un préjudice irréparable dont vous et votre employeur seraient tenus responsables, le cas échéant».
L’information qu’a colligée le CANAFE provient de la Banque Royale, de la Banque de Montréal et de la Banque Laurentienne, dont les Bibeau et leurs entreprises sont clients.
Au Canada, les institutions financières doivent déclarer au CANAFE les paiements en liquide de 10 000 $ ou plus, ainsi que toute autre «opération douteuse».