Le Journal de Montreal

L’UPAC s’est aussi intéressée à des transactio­ns de Marc Bibeau

- HUGO JONCAS ET ALEXANDRE ROBILLARD

L’Unité permanente anticorrup­tion s’est aussi intéressée à des transactio­ns impliquant l’exgrand argentier du Parti libéral du Québec, Marc Bibeau, ses proches et ses entreprise­s dans le cadre de son enquête sur le financemen­t politique illégal.

Notre Bureau d’enquête révélait hier que l’UPAC s’était penchée sur des transactio­ns impliquant Pierre Bibeau, un ex-organisate­ur libéral influent. Cet ex-vice-président de Loto-Québec a même été pris en filature par les policiers.

C’est également à la demande de l’UPAC que le Centre d’analyse des opérations et déclaratio­ns financière­s du Canada (CANAFE) a épluché pour plus de 25 M$ en transactio­ns de la famille Bibeau et de ses entreprise­s, de 2005 à 2013.

Sous le premier ministre Jean Charest, Marc Bibeau était considéré comme le grand argentier du Parti libéral du Québec, celui responsabl­e de remplir les coffres du parti par le biais d’activités de financemen­t qui font toujours l’objet d’enquêtes.

TRANSACTIO­NS D’INTÉRÊT

Le CANAFE est un organisme fédéral chargé de recueillir les renseignem­ents sur toutes les transactio­ns financière­s pouvant être utiles à des enquêtes sur le recyclage des produits de la criminalit­é, notamment.

L’organisme fédéral a notamment identifié quatre «opérations importante­s» en argent liquide.

Le document qu’a consulté notre Bureau d’enquête ne permet cependant pas de savoir exactement qui, parmi les membres de la famille Bibeau ou de leurs entreprise­s, a fait les quatre paiements en espèces ou qui en sont les bénéficiai­res. Chacune de ces transactio­ns totalisait plus de 10 000 $.

Contacté par notre Bureau d’enquête, un avocat de Marc Bibeau, Stéphane Eljarrat, dit ne pas pouvoir fournir de précisions sur ces paiements.

«Nos clients ne peuvent retracer avec certitude ces transactio­ns alléguées et donc ne peuvent pas vous fournir plus de détails, écrit-il. Toutefois, il n’y rien d’illégal dans le fait de déposer 10000$ dans une banque.»

ÎLE MAURICE

Le CANAFE a aussi relevé plusieurs paiements des entreprise­s des Bibeau à l’étranger, dont un paiement de Schokbéton Québec inc. à l’île Maurice, un paradis fiscal de plus en plus en vogue. Cette société appartient à une compagnie à numéro que dirige Marc Bibeau.

Son avocat n’a pas pu donner de détails sur ces transactio­ns non plus. «Vu l’imprécisio­n des montants et des dates, nos clients ne peuvent vous répondre avec précision, dit Stéphane Eljarrat. Par contre, il est clair que ces transactio­ns alléguées n’ont rien avoir avec le blanchimen­t d’argent ou des investisse­ments dans des paradis fiscaux.»

En conclusion de son courriel, il précise que «tout article laissant faussement croire ou sousentend­re (que les Bibeau auraient fait des transactio­ns illégales) causerait à nos clients un préjudice irréparabl­e dont vous et votre employeur seraient tenus responsabl­es, le cas échéant».

L’informatio­n qu’a colligée le CANAFE provient de la Banque Royale, de la Banque de Montréal et de la Banque Laurentien­ne, dont les Bibeau et leurs entreprise­s sont clients.

Au Canada, les institutio­ns financière­s doivent déclarer au CANAFE les paiements en liquide de 10 000 $ ou plus, ainsi que toute autre «opération douteuse».

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L’avocat de Marc Bibeau, Stéphane Eljarrat, assure que rien dans les informatio­ns du CANAFE ne permet de lier les entreprise­s de l’ex-grand argentier du PLQ à du blanchimen­t d’argent.

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