Huitième rendez-vous avec la mort pour un détenu américain
« Le Houdini des condamnés » erre dans le couloir de la mort depuis 34 ans
WASHINGTON | (AFP) Sept fois dans sa vie de condamné à la peine capitale Tommy Arthur a cru mourir exécuté, obtenant sept fois un sursis inespéré. Son huitième rendez-vous avec la mort devait avoir lieu hier soir dans sa prison de l’Alabama.
On le surnomme «le Houdini des condamnés à mort», en référence à l’illusionniste légendaire capable de s’extirper de toutes les chaînes, cages et cellules: Tommy Arthur, 75 ans, se dit innocent et c’est peut-être de là qu’il puise l’énergie de son odyssée judiciaire.
S’il perd son ultime bataille, il devrait recevra une injection létale dans cet État conservateur bordé par la Géorgie et le Mississippi.
Pour ses adversaires, Thomas Arthur, alias Tommy Arthur, n’est qu’un meurtrier récidiviste sans scrupule, doublé d’un manipulateur hors pair. Un procédurier capable d’utiliser toutes les ficelles du droit pour esquiver sa peine.
«Thomas Arthur est un artiste de l’évasion! Il s’est servi de tous les tours possibles et imaginables pour manipuler les tribunaux durant plus de 34 ans!», affirme Janette Grantham, directrice de Victims of Crime and Leniency, une association de défense des victimes de criminels.
ARTISTE OU ASSASSIN ?
Le septuagénaire ne nie pas avoir tué sa belle-soeur en 1977, un homicide selon lui accidentel précipité par son abus d’alcool. Mais ce n’est pas pour ce crime qu’il a été condamné à mort.
Cinq ans plus tard, alors qu’il bénéficiait d’une permission de sortie conditionnelle, Tommy Arthur se voit accuser d’avoir tué par balle un homme, Troy Wicker, dont la femme était devenue sa maîtresse.
Selon l’accusation, celle-ci avait promis 10 000 dollars à son amant afin qu’il assassine son mari. L’agresseur, qui est blanc, avait noirci son visage pour se faire passer pour un Afro-américain.
INJUSTE
Ce crime, dont il s’est toujours affirmé innocent, lui a valu une peine capitale en 1983.
Soit 34 années dans le couloir de la mort durant lesquelles, selon le procureur général de l’Alabama, il «a lancé des recours judiciaires systématiques dans tous les États et tribunaux fédéraux disponibles».
Une date d’exécution a été fixée pour M. Arthur en 2007, encore 2007, 2008, 2012, 2015 et 2016. Chaque fois il est parvenu, déplore le procureur, à «éviter de façon si injuste l’application de la sentence».