DÉFAITE CRÈVE-COEUR POUR MAXIME BERNIER
Andrew Scheer élu chef des conservateurs
TORONTO | Le Québécois Maxime Bernier a échappé du bout des doigts son rêve de devenir chef du Parti conservateur du Canada. Le Saskatchewanais peu connu Andrew Scheer lui a damé le pion au terme d’une soirée pleine de suspense.
Réunis en congrès à Toronto hier, après un marathon de plus d’un an, les militants du parti ont enfin couronné leur nouveau leader et successeur de Stephen Harper.
Il aura fallu attendre jusqu’au 13e et tout dernier tour de scrutin pour que le Saskatchewanais complète une spectaculaire remontée.
Les propositions-chocs de M. Bernier, qui a terminé avec 49 % des voix, n’auront finalement pas convaincu une majorité de militants de lui accorder leur confiance. Ces derniers ont plutôt cédé aux arguments d’Andrew Scheer, qui s’est posé en ultime rassembleur durant la campagne, récoltant en bout de piste 51% des voix exprimées.
«Pour les deux prochaines années, nous devons communiquer nos valeurs conservatrices à un plus grand nombre de Canadiens, a déclaré M. Scheer après sa victoire à l’arraché. Nos excellents résultats au Québec en 2015 sont un signe que nous pouvons faire encore mieux en 2019. Pour moi, il est essentiel que nous ayons des députés conservateurs à Montréal»
QUASI INCONNU AU QUÉBEC
L’homme de 38 ans a maintenant l’immense défi devant lui de se faire connaître de toute la population canadienne avant les prochaines élections, croit Frédéric Boily, professeur de sciences politiques de l’Université de l’Alberta.
Car si une majorité des députés conservateurs québécois se sont rangés derrière lui, M. Scheer est quasi inconnu au Québec.
«Il doit résoudre son problème de notoriété publique», avance M. Boily.
Ce dernier croit toutefois que les troupes conservatrices feront preuve de patience avec leur nouveau chef, et ne s’attendront pas nécessairement à reprendre le pouvoir dès 2019. «M. Scheer fera davantage un travail de reconstruction à long terme», selon l’expert.
« PRÊT POUR 2019 »
Luc Berthold, un des quatre députés québécois à avoir appuyé le vainqueur, estime que le parti, sous la houlette de M. Scheer, peut arriver à chasser les libéraux du pouvoir à court terme.
«On va être prêt pour 2019 avec un chef qui va être assez connu», a-t-il fait valoir, admettant toutefois que M. Scheer a du pain sur la planche en matière de reconnaissance publique.
Père de cinq enfants, Andrew Scheer se dit ouvertement contre l’avortement et le mariage gai. S'il n'a pas toutefois l'intention de personnellement rouvrir ces débats, il n'empêchera pas ses députés de le faire.