Travailleurs pas tous égaux
Les syndicats de la construction ont cru se mettre la classe moyenne dans la poche avec leur approche «ma famille passe avant ma job». Mais des fiers-à-bras qui intimident et bloquent des chantiers, le monde ordinaire n’aime pas ça. On veut bien compatir avec les conditions de travail pas toujours faciles des «gars de la construction», mais on déteste que d’honnêtes travailleurs qui veulent mettre du pain et du beurre sur la table pour leurs enfants se fassent menacer. Et bloquer l’entrée de la maison d’une mère de famille avec un tas de roches, c’est juste grossier.
AUGMENTATIONS SALARIALES
Pourquoi ne pas avoir dit d’entrée de jeu qu’ils sont «sortis» pour de meilleurs salaires? Après tout, l’Alliance syndicale demande 2,6 % par an pour ses membres, soit un peu moins que le 17,5 % sur sept ans que les policiers de la SQ viennent d’obtenir. On aime autant la vérité que la poudre aux yeux. On nous prévient déjà que le prix des maisons ou des condos neufs va augmenter. J’ose à peine imaginer la hausse des contraventions sur les routes provinciales. Il n’y a pas de secret: ce qui entre dans la poche de l’un sort forcément de la poche de l’autre. Et comme on le sait, c’est toujours au plus fort la poche.
PAS LE MÊME TRAITEMENT
Le conjoint d’une jeune infirmière qui vient d’accoucher de son deuxième enfant, lui-même patron d’une PME en démarrage, me demandait l’autre jour: «Pourquoi ma blonde, qui est déjà au top de son échelle salariale à moins de 40 000 $, est-elle tenue de faire des heures supplémentaire le weekend et les soirs? Notre famille estelle moins importante que celles des grévistes?» Bonne question, mon Fred. Je pourrais tenter une réponse: «Parce qu’on ne craint pas les syndicats de femmes?» mais je me ferais vite lancer des roches et traiter de féministe finie. Je dirais juste que tous les travailleurs sont loin d’être égaux.