Une loi À moderniser
Depuis deux ans, la Commission de la construction du Québec (CCQ) a entrepris une démarche costaude visant à moderniser certains métiers.
Diane Lemieux, présidente de la CCQ, n’a d’ailleurs pas mâché ses mots récemment en s’adressant aux membres de l’industrie réunis en congrès de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ): «Est-ce qu’on est capable de faire évoluer certains métiers qui ne l’ont pas été depuis 107 ans?», leur a-t-elle lancé pour susciter le débat parmi eux.
La femme à la tête de la CCQ estime toutefois qu’il faut faire attention avant d’affirmer qu’il y a nécessairement trop de métiers au Québec.
CONSTRUCTIONS DE QUALITÉ
Elle rappelle que l’Ontario a créé un ordre pour les régir et que chacune des juridictions provinciales a ses avantages et ses inconvénients.
Pour Yves Ouellet de la FTQ-Construction, au contraire, la loi R-20 fait en sorte que les Québécois puissent avoir des constructions de qualité. Le porte-parole de la FTQ-Construction pense que le nombre actuel de métiers est une bonne chose parce qu’il oblige les ouvriers québécois à acquérir une solide formation.
PRODUCTIVITÉ
Quand l’industrie de la construction ou la CCQ fait son bilan chaque année, elle mesure son succès par le «nombre d’heures travaillées». Pour Germain Belzile, il faut justement décloisonner les métiers pour faire travailler davantage les travailleurs. «Présentement, un ouvrier de la construction travaille en moyenne 1000 heures par année comparativement à 1500 heures pour les autres travailleurs. Si un même travailleur pouvait faire plus d’une job en même temps, il travaillerait plus d’heures.»
En éliminant plusieurs métiers obligatoires, plusieurs croient que les travailleurs québécois de la construction pourraient hausser leur productivité, ce qui permettrait diminuer les coûts de construction, notamment pour les infrastructures. Dans une étude de 2002, l’économiste Pierre Fortin a estimé l’impact total de la loi R-20 sur l’augmentation du coût global de construire à 10,5 %.