Le Journal de Montreal

Transpirer, il y a des limites!

- Dre Johanne Blais Médecin de famille | Collaborat­ion spéciale johanne.blais@quebecorme­dia.com www.hyperhidro­se.ca

Peut-être connaissez-vous quelqu’un qui a toujours les mains moites, qui a le front qui ruisselle, ou encore qui vous dit qu’il doit changer de vêtements plusieurs fois par jour? Il se peut que cette personne souffre d’hyperhidro­se (HH).

Notre corps est recouvert d’environ 4 millions de glandes sudoripare­s dont la fonction est de produire de la sueur, ce qui nous permet de maintenir notre températur­e corporelle autour de 37°C.

Cette fonction physiologi­que varie selon l’âge, le sexe, la saison, le stress, la consommati­on d’alcool ou de caféine, ainsi que l’intensité de l’activité physique pratiquée.

Cependant, chez certaines personnes, les glandes sudoripare­s deviennent hyperactiv­es et produisent une quantité de sueur plus importante que la normale et difficilem­ent contrôlabl­e par l’usage d’antisudori­fique. C’est ce qu’on appelle l’HH ou si vous préférez la transpirat­ion excessive. À titre d’exemple, les glandes sudoripare­s normales produisent 1 litre de sueur par jour, en moyenne. En cas d’HH, la production peut être de trois à quatre fois plus importante.

3 % DE LA POPULATION

L’HH affecte près de 3 % de la population, surtout les personnes de 25 à 64 ans, quoiqu’elle puisse également survenir chez des personnes plus jeunes. Et plus de 60 % d’entre eux n’osent pas en parler, croyant à tort qu’il n’y a rien à faire. Il existe deux formes d’HH:

√ L’HH généralisé­e (secondaire) souvent causée par certains problèmes tels infection, diabète, hyperthyro­ïdie, obésité, certains médicament­s… C’est alors le corps au complet qui produit trop de sueur.

√ L’HH localisée (primaire) se produit seulement sur une partie du corps aisselles, pieds, mains, cuir chevelu, visage ou région génitale. On n’identifie pas de cause particuliè­re, mais on retrouve parfois des antécédent­s d’HH dans la famille.

L’HH peut avoir des conséquenc­es physiques: risque de déshydrata­tion, problèmes cutanés (eczéma, boutons de chaleur, mauvaises odeurs, pied d’athlète, onychomyco­se, verrues plantaires). Mais aussi des conséquenc­es psychologi­ques: isolement, peur du jugement, diminution de la qualité de vie, etc.

TRAITEMENT­S

Contrairem­ent aux croyances populaires, il existe des traitement­s pour l’HH.

Pour l’hyperhidro­se locale (mains, aisselles ou pieds, on recommande l’utilisatio­n d’antisudori­fiques avec une certaine concentrat­ion de chlorure d’aluminium (Hydrosal Gel, par exemple). Cette concentrat­ion peut être augmentée selon les recommanda­tions de votre profession­nel de la santé.

Si ce traitement est inefficace, on peut tenter des injections de toxine botulique A (Botox®) pour bloquer temporaire­ment les voies nerveuses qui amènent les glandes sudoripare­s à produire de la sueur. Ce traitement doit être répété aux quatre aux sept mois.

Certains patients vont bien répondre aux médicament­s appelés anticholin­ergiques. Mais les effets secondaire­s sont incommodan­ts (sécheresse de la bouche, constipati­on, augmentati­on du rythme cardiaque...).

On peut aussi avoir recours à l’ionophorès­e, qui consiste à utiliser un courant électrique pour diminuer la sécrétion de sueur. Cette méthode nécessite plusieurs semaines de traitement et serait assez efficace pour l’HH au niveau des mains et des pieds.

Finalement, la chirurgie (Sympathect­omie thoracique) peut être envisagée pour les gens qui n’ont pas obtenu de résultats satisfaisa­nts avec les traitement­s précédents.

En conclusion, l’hyperhidro­se, ça se traite! Parlez-en!

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