Le Journal de Montreal

La présidente du syndicat des cols bleus évincée

Le local 301 est mis sous tutelle pour la première fois de son histoire

- SARAH-MAUDE LEFEBVRE

Chantal Racette n’est plus la présidente du syndicat des cols bleus de Montréal. Son exécutif a été dissous hier par l’imposition d’une tutelle, une première dans l’histoire du puissant local 301.

Au terme d’une crise qui dure depuis des mois, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a nommé un administra­teur qui contrôle désormais le regroupeme­nt des 7500 travailleu­rs manuels de la Ville.

Les finances du syndicat seront gelées jusqu’à nouvel ordre. Des élections auront lieu «une fois que les problèmes internes auront été réglés», a indiqué le SCFP par voie de communiqué.

Les révélation­s de notre Bureau d’enquête sur la gestion du syndicat auraient pesé lourd dans la décision d’imposer une tutelle, selon nos sources.

Dépenses excessives, mouchards installés sur les voitures de deux directeurs syndicaux, propos controvers­és. Plusieurs comporteme­nts reprochés à Mme Racette ont dérangé dans les derniers mois (voir ci-contre).

L’intimidati­on qui aurait été commise par des cols bleus à l’endroit du directeur québécois du SCFP, Marc Ranger, lors d’un congrès à la mi-mai, aurait aussi précipité la tutelle. Le local 301 nie toutefois qu’un tel événement se soit produit.

PAS ANODIN

Ancien directeur des ressources humaines à la Ville de Montréal et actuel chargé de cours à HEC Montréal, JeanYves Hinse affirme que cet événement est loin d’être «anodin».

«La tutelle n’est pas habituelle, c’est clair. Il y avait probableme­nt des motifs sérieux pour que le SCFP prenne une telle décision. C’est un syndicat majeur qui a marqué l’histoire des relations de travail à Montréal.»

L’ex-président du syndicat Michel Parent croit pour sa part que la tutelle sera bénéfique à long terme.

«Il était temps que ça arrive. L’exécutif était séparé en deux. Ça ne pouvait plus fonctionne­r comme ça», dit celui qui n’est pas en bons termes avec Mme Racette.

Le local 301 ne nous a pas rappelés hier. Impossible donc de savoir si Mme Racette et le reste de son exécutif comptent contester la tutelle ou s’ils planifient de se présenter à nouveau lors des prochaines élections.

«MALHEUREUX»

On ne sait pas non plus si Mme Racette reprendra son travail d’opératrice de machinerie lourde.

Un communiqué a toutefois été publié en fin de journée, indiquant que «la présidente Chantal Racette trouve malheureux [sic] cette décision».

«Nous sommes des gens honnêtes qui avons à coeur l’intérêt de nos membres, et nous l’avons démontré par des initiative­s [...]. Nous n’avons pas attendu pour agir, mais aujourd’hui nous en payons le prix».

Le SCFP s’est refusé à tout commentair­e. Créé en 1941, le syndicat des cols bleus de Montréal est l’un des plus gros syndicats municipaux du Québec avec ses quelque 7500 membres.

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La tutelle imposée hier par le SCFP signifie la fin de la présidence de Chantal Racette, qui pourrait toutefois se représente­r aux prochaines élections.

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