Québec veut mettre fin aux notes gonflées
QUÉBEC | À la suite «d’affirmations sérieuses» concernant la manipulation de notes, le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, lance un mot d’ordre au réseau scolaire afin de mettre fin à cette pratique.
Une directive ministérielle a été transmise à ce sujet hier, une première.
«J’ai rappelé et surtout réitéré qu’il ne peut pas y avoir de modifications [de notes], soit pour atteindre des seuils de réussite, soit pour vouloir satisfaire des attentes en matière d’évaluation. On veut que les évaluations soient le portrait réel d’un élève», a affirmé le ministre hier. «Cette directive est impérative et doit s’appliquer», a-t-il ajouté.
La manipulation des notes a fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières semaines. Un sondage réalisé auprès des enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a notamment permis d’apprendre que près de la moitié des répondants affirment avoir déjà vu les notes de leurs élèves être modifiées à leur insu sur le bulletin.
Le ministre Proulx n’a pas été en mesure, hier, de tracer un portrait précis de la situation. Après avoir fait des vérifications auprès des acteurs du réseau scolaire, il s’est contenté d’affirmer que le problème n’est pas généralisé.
Cette directive ministérielle a été accueillie favorablement par la FAE, hier, qui y voit une «victoire» pour les enseignants qui ont dénoncé la situation au cours des dernières semaines.
Par cette déclaration, le ministre Proulx reconnaît que la manipulation de notes et la pression sur les enseignants étaient bien réelles, affirme son président, Sylvain Mallette. «Ce n’est pas rien», lance-t-il.
SOLUTIONS CONCRÈTES?
À la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), on salue le geste tout en se demandant comment cette directive sera mise en oeuvre concrètement.
«On attend toujours de voir les solutions concrètes», a lancé sa présidente, Josée Scalabrini.
En point de presse, hier, le ministre Proulx a invité les enseignants à dénoncer les pressions subies auprès de leur commission scolaire, tout en restant évasif sur les sanctions qui pourraient être imposées à ceux qui ne respectent pas la directive.
Ce mot d’ordre a par ailleurs été accueilli avec beaucoup de scepticisme par le Parti québécois, qui souligne que le ministre n’a fait que rappeler ce qui était déjà prévu dans la Loi sur l’instruction publique.
Le Parti québécois, la Coalition avenir Québec et la Fédération autonome de l’enseignement réclament toujours une commission parlementaire afin de faire la lumière sur l’ampleur du phénomène.