Le Journal de Montreal

Un autre chef du SPVM appelé par le maire Denis Coderre

- CATHERINE MONTAMBEAU­LT

Un deuxième chef de police a confirmé, hier, que le maire Denis Coderre l’avait déjà appelé pour une affaire personnell­e, cette fois concernant son fils.

Le directeur actuel du Service de police de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, a indiqué à son tour, comme l’a fait son prédécesse­ur Marc Parent lundi, que M.Coderre était le seul élu à l’avoir contacté pour raison personnell­e depuis son arrivée à la tête du SPVM en 2015.

«J’ai dirigé le maire vers la bonne personne. Il me demandait conseil et je l’ai orienté vers les opérations», a raconté Philippe Pichet devant la commission Chamberlan­d.

M.Pichet a expliqué que M.Coderre s’inquiétait que son fils soit victime d’un vol d’identité. Alexandre Coderre souffrirai­t en fait d’un problème de cyberdépen­dance. Le jeune homme de 21 ans fait aujourd’hui face à des accusation­s de fraude.

Bien qu’il qualifie ces communicat­ions directes d’«exceptionn­elles», M.Pichet a reconnu qu’elles pouvaient poser problème.

«Idéalement, il y a d’autres méthodes, mais en même temps, diriger le maire vers un poste de quartier, je ne suis pas sûr non plus», a-t-il mentionné.

Selon Philippe Pichet, le maire Coderre saisit bien le concept de séparation des pouvoirs et n’a jamais tenté de dicter les opérations du SPVM.

INQUIÉTANT

Florent Michelot, chargé de cours au Départemen­t de science politique de l’UQAM, considère que ce type de situation est «fondamenta­lement inquiétant», mais inévitable dans une société comme la nôtre, où la police relève du pouvoir exécutif.

«Ça prendrait une refondatio­n complète de la place de la police dans une institutio­n démocratiq­ue», croit M. Michelot.

De son côté, Danielle Pilette, professeur­e associée à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, est d’avis que Denis Coderre aurait pu choisir des options plus judicieuse­s que de téléphoner directemen­t au chef du SPVM.

«Le maire dit qu’il a agi en tant que citoyen, et en tant que citoyen, quand on a une plainte à faire, on s’adresse à son poste de quartier», souligne Mme Pilette.

«Autrement, le maire aurait pu s’adresser à un autre corps policier, par exemple à la Sûreté du Québec, en disant : “je sais que c’est de juridictio­n municipale, mais étant donné l’apparence de conflit d’intérêts, je m’adresse à vous pour faire le lien avec le SPVM”», ajoute-t-elle.

L’attaché de presse de Denis Coderre, Marc-André Gosselin, a indiqué au Journal que le maire ne ferait pas d’autres commentair­es sur le sujet. «La Commission doit faire son travail et on ne doit pas interférer avec», a écrit M. Gosselin.

FAUSSES INFORMATIO­NS

Par ailleurs, Philippe Pichet a refusé de condamner, devant la Commission, la «technique de provocatio­n» utilisée par certains de ses enquêteurs consistant à transmettr­e de «fausses informatio­ns» à un policier pour voir s’il les communique­rait à un journalist­e.

Questionné à ce sujet dans les couloirs de l’Assemblée nationale, hier, le député libéral Robert Poëti, qui a déjà été directeur des communicat­ions de la Sûreté du Québec, a mentionné pour sa part n’avoir jamais «tenu de pratiques comme cellelà» et qu’il «ne l’aurait pas endossée».

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Le directeur actuel du SPVM, Philippe Pichet, était de retour pour une deuxième fois devant la commission Chamberlan­d hier.

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