Retour réussi pour Roger Waters
Un quart de siècle après Amused to Death, Roger Waters propose un album solo
En 1992, Roger Waters dévoilait une oeuvre mi-hargneuse, misatirique contemporaine sur son troisième LP en carrière. 25 ans plus tard, l’auteur-compositeurinterprète est toujours critique, mais également plus résigné sur Is This The Life We Really Want?, un autre disque fidèle à son époque: sombre et en dents de scie.
Parce que Roger Waters est Roger Waters, Is This The Life We Really Want? est saturé d’idées, de genres, d’influences et d’interférences. En effet, l’oeuvre est parcourue d’échantillonnages radiophoniques et de cliquetis de cadran soulignant le temps qui passe, voire qui nous reste.
Des fioritures qui, au final, n’amènent pas grand-chose au projet. Même Nigel Godrich, réalisateur de Radiohead depuis les années 90, n’a pu contenir la verve, mais aussi les écarts de la légende vivante!
CASSER LA VOIX...
Musicalement, Waters et ses sbires s’aventurent dans un rock aux bidouillages électro qui n’est pas sans rappeler Ok Computer, voire la discographie de Grandaddy, en plus de revenir à des mélodies plus planantes et groovy qui raviront les nostalgiques des oeuvres solos précédentes de Waters ainsi que certains classiques de Pink Floyd.
Autre référence au passage du temps bien involontaire: le grain de la voix de Waters.
Bien que son organe est toujours efficace, l’usure et l’âge se font de plus en plus sentir. Ainsi, le chanteur se rapproche de plus en plus de Johnny Cash à l’époque de la série American Recordings ainsi que de Bob Dylan, voire Leonard Cohen, sur leurs derniers albums. Une vulnérabilité et une sincérité qui, mine de rien, conviennent à merveille à cette oeuvre aux airs de fin du monde.
Sans être un grand disque pour Waters (le second tiers de cette production est un brin soporifique), Is This The Life We Really Want? demeure un cru goûteux dans son genre de prédilection, décoiffant au passage plusieurs propositions de jeunes loups du moment.
Seule véritable ombre au tableau: l’univers dystopique si cher au créateur de The Wall ressemble de plus en plus à notre réalité. Is This The Life We Really Want?