Le Journal de Montreal

L’Iris qui fait roter

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Après le «Safianolin­gate», étiez-vous assez contents de voir hier, au Gala québec Cinéma, que les gars aussi se font taper dessus quand ils sont vulgaires et mal fagotés à un gala?

Non, les méchants commentate­urs ne critiquent pas que les filles qui sont déplacées dans les soirées chics.

Le gars avec la casquette en arrière qui dit: «Faut je rote» en commençant ses remercieme­nts, c’était quand même assez gratiné, non?

Quelle honte! Faut-il être assez creton pour dire une telle niaiserie devant des milliers de gens! J’imagine qu’on est chanceux qu’il ne se soit pas gratté la poche en disant: «Faut je me gratte les schnolles.» Ou qu’il n’ait pas eu une soudaine envie irrépressi­ble de péter dans le micro. Maudit qu’on fait dur, des fois.

lE GAlA DES ouBlIÉS

Je le confesse: cette année, je n’étais pas certaine de vouloir regarder le Gala. Il y avait trop de grossières omissions dans la liste des nomination­s.

Pourquoi 1:54, de Yan England, n’avait-il droit qu’à une nomination pour son comédien Antoine-Olivier Pilon, en plus d’être en lice pour le choix du public (qu’il a remporté, heureuseme­nt)? 1:54 est un film solide, pour ne pas dire essentiel, qui a même été montré à l’ONU! Pourquoi n’était-il pas en lice avec les autres meilleurs films?

Autre question: pourquoi Xavier Dolan, qui a remporté un César en France dans la catégorie meilleur montage, n’était même pas en nomination dans cette catégorie au Gala Québec Cinéma? Assez bon pour les Français, mais pas assez bon pour nous? Pourquoi Dolan ne s’est-il pas retrouvé dans la catégorie meilleur scénario pour le chef-d’oeuvre Juste la fin du monde?

Pourquoi avoir snobé Votez Bougon? Ce film était-il si dérangeant pour le petit milieu?

Pourquoi l’interminab­le pensum Ceux qui font les révolution­s à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau se retrouvait-il sur la liste des meilleurs films? Avec ses scènes pédantes et loufoques (la confrontat­ion père-fille dans une grosse maison de banlieue), ce film profondéme­nt agaçant m’a donné de l’urticaire.

Maudit qu’on fait dur, des fois.

un Bon Cru

Mais si je n’avais pas regardé le gala, j’aurais manqué PierLuc Funk et Léane Labrèche-Dor et leurs présentati­ons disjonctée­s. Pourquoi on ne leur confie pas l’animation en 2018?

J’aurais aussi manqué la splendide déclaratio­n de Luc Picard, qui a eu l’humilité de remercier «le contribuab­le québécois» qui finance les films. Enfin!!! Un artiste lucide… et reconnaiss­ant. Pourquoi a-t-on si peu entendu les citoyens créateurs remercier les citoyens payeurs au cours des ans, dans toutes les discipline­s?

J’aurais aussi manqué les capsules Les auditions avec Guylaine Tremblay qui auditionne pour le rôle de Rita Bougon. Et ça, c’était vraiment drôle.

DrôlE DE TroPHÉE

Quand j’ai lu la descriptio­n du nouveau trophée, l’Iris remis au gagnant, je suis partie à rire en me tapant sur les cuisses: «Sa peau à la fois miroitante et poreuse semble s’être libérée de tout processus de création industriel. Ce trophée est un rappel, un aphorisme, celui qui chuchote que l’on n’est jamais seul à créer.»

Un aphorisme qui chuchote, misère! Je ne savais pas que le pot était déjà légalisé au Québec…

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