Le Journal de Montreal

Tel père, tel fils

-

Au cours d’une carrière profession­nelle, peu importe laquelle, chaque personne a des choix importants à faire.

David Poile s’est retrouvé devant un choix très difficile au milieu de l’année 1998.

Il venait de terminer un séjour de 15 ans comme directeur général des Capitals et voilà que le président des Maple Leafs, Ken Dryden, le contacte pour qu’il devienne le prochain directeur général de l’équipe.

David Poile qui a grandi à Toronto – son père Bud avait joué pour les Maple Leafs – rencontre Ken Dryden pendant 12 heures mais sort de cette réunion avec un goût amer.

Il savait que les Predators, une équipe d’expansion, étaient prêts également à lui donner le poste de DG, mais évidemment que l’organisati­on des Maple Leafs était beaucoup plus prestigieu­se.

David Poile contacta son père, qui était surexcité à la possibilit­é que son fils devienne le directeur général des Leafs, pour lui annoncer qu’il n’avait pas un bon pressentim­ent et qu’il allait fort probableme­nt devenir un bâtisseur, comme Bud le fut comme DG des Flyers et des Canucks.

lE PArIEur

Ce fut le début d’une grande aventure.

«Je ne voulais pas être comme mon père, m’a dit David Poile au cours du week-end. Mais finalement c’est ce que je suis devenu.»

Depuis 1998, David Poile tente par tous les moyens de faire de sa formation une équipe plus que respectabl­e.

Il a réussi tant bien que mal mais cette participat­ion à la finale de la Coupe Stanley est la consécrati­on, peu importe le résultat final. Pour y arriver, il a toutefois été forcé d’être très imaginatif.

C’est pourquoi, depuis quelques années, il a décidé de changer sa stratégie et de ne pas hésiter à aller chercher des joueurs qui semblent rejetés. On peut penser à Mike Ribeiro, James Neal, Ryan Johansen, PK Subban et PA Parenteau.

J’ai demandé à David Poile s’il se considère comme un directeur général qui aime donner des deuxièmes chances à des joueurs qui n’ont pas nécessaire­ment une bonne réputation.

«Pour faire ce boulot, il faut que tu sois un gros parieur (big time gambler) parce que la réalité est la suivante pour les dirigeants des équipes: ce qui est le plus facile, c’est que tous les joueurs qu’on repêche jouent éventuelle­ment pour nous, mais ce n’est pas réaliste, comme tu le sais très bien. Alors, chaque fois que tu fais l’acquisitio­n d’un joueur, tu dois avoir une vision de trois à cinq ans pour déterminer comment il va aider ton équipe.»

vITE un JouEur DE CEnTrE

Le problème de bien des équipes dans la LNH c’est qu’elles n’ont pas de joueurs de centre numéro un. Pour en obtenir un, il faut payer et le prix est très élevé.

Il y a 17 mois, David Poile savait que les Blue Jackets ne voulaient plus rien savoir de Ryan Johansen qui tenait tête à son entraîneur John Tortorella.

«J’ai tout fait pour ne pas donner notre jeune défenseur Seth Jones, souligne David Poile. Je leur ai offert tous mes autres joueurs, mais sans succès. J’ai été obligé d’accepter parce qu’on ne peut pas gagner sans un joueur de centre numéro un. C’est impossible.»

Évidemment que l’acquisitio­n de P.K. Subban contre Shea Weber a fait couler beaucoup d’encre, mais celle qui a grandement amélioré l’attaque des Predators est celle de Filip Forsberg en avril 2013.

«Martin Erat était un joueur important pour nous, mais il avait exigé une transactio­n, ce qui me décevait au plus haut point. Je pensais que j’allais l’échanger au repêchage suivant. Il avait une liste de cinq équipes où il voulait être échangé et j’ai envoyé mes demandes aux équipes respective­s. Les Capitals ont accepté mes demandes et le reste fait partie de l’histoire.»

Une chose est certaine, David Poile semble avoir de la glace dans les veines. La pression ne semble pas influencer ses décisions, lui qui n’a eu que quatre entraîneur­s-chefs en 35 ans au poste de directeur général avec les Capitals et les Predators.

 ??  ?? David Poile semble avoir de la glace dans les veines. La pression ne semble pas influencer ses décisions.
David Poile semble avoir de la glace dans les veines. La pression ne semble pas influencer ses décisions.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada