Le Journal de Montreal

Neuf ans de prison pour un membre « full patch »

Le fondateur d’un gang sympathisa­nt des Hells a «torturé» ses enfants et sa femme

- Eric Thibault EThibaultJ­Dm eric.thibault@quebecorme­dia.com 514.599.5888 8037

le fondateur d’une bande de motards partisane des Hells Angels vient d’entrer dans le club des 300 pires criminels au québec après avoir fait subir des atrocités «d’une violence sans nom» à ses enfants et à sa conjointe.

«Les faits dépassent l’entendemen­t et sont d’une atrocité à faire frémir», a dit le juge Thierry Nadon en condamnant le bourreau à neuf ans de pénitencie­r, la semaine dernière.

Versant des larmes de crocodile au palais de justice de Montréal, l’homme, dont l’identité et celle du gang qu’il a fondé ne peuvent être révélées pour protéger celle de ses victimes, a aussi été étiqueté «délinquant à contrôler».

Ce statut peu enviable, que le quinquagén­aire partage avec 300 des pires agresseurs jugés dans la province depuis 20ans, lui vaudra une surveillan­ce étroite des services correction­nels dès sa sortie de taule.

Le juge a qualifié de «torture» ces crimes «choquants». L’évaluation psychiatri­que du tortionnai­re le dépeint comme sadique, jaloux maladif et même psychopath­e.

Il obligeait sa conjointe, qu’il surnommait «Salope», à avoir des relations sexuelles à répétition. Pour y «mettre du piquant», selon ses dires, il invitait ses pitbulls à participer à ces ébats dégradants et terrifiant­s.

Il la frappait à coups de botte à bout d’acier pendant qu’elle était enceinte. «Elle couvrait son ventre de peur de perdre le bébé», a relaté le juge Nadon.

TASER, KRAZY GLUE ET PITBULLS

Puis, son garçon y a goûté pendant 14 ans.

«Il me bat depuis que je suis tout petit», a dit l’ado aux policiers du Service de police de la Ville de Montréal.

Le père prétextait vouloir «endurcir» son fils, qu’il traitait de «tapette».

«L’énumératio­n des sévices et agressions subis par cet enfant révulse […] et glace le sang», a déploré le juge.

Il a entre autres été brûlé, braqué avec un pistolet, enfermé dans le congélateu­r ou dans la sécheuse en marche, étouffé sous l’eau, cobaye pour tester un fusil à décharge électrique (Taser) et pris pour cible par son père, qui lançait des étoiles métallique­s Nunchaku...

Au lieu de l’amener à l’hôpital quand il le lacérait au couteau, le père lui refermait les entailles avec de la colle Krazy Glue. De plus, il entraînait ses pitbulls en les lâchant vers le garçon pour mordre le «bras d’attaque» qu’il était forcé à porter, lui causant d’autres blessures.

«un Trou DE C...»

Son frère cadet a aussi été battu, mais il était «le préféré du délinquant parce qu’il semblait être un dur à cuire».

«Il l’a élevé à son image, le petit traitant sa mère de salope», a noté le magistrat.

Pour décrire cette relation destructri­ce, le prisonnier, en adoration devant les motards depuis l’école, a dit que ses garçons étaient comme ses «strikers» (exécutants) et lui, «le chef motard».

Il est maintenant en disgrâce dans le milieu interlope, où circulent depuis des mois les motifs de son arrestatio­n.

Plusieurs membres ont annoncé sur Facebook avoir quitté le club qu’il a fondé, en le traitant de «trou de cul». Et les Hells Angels, qu’il vénère tant, condamnent le viol dans leurs règlements internes.

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Le bourreau, dont l’identité ne peut être révélée pour protéger celle de ses victimes, a perdu tout respect dans le monde des motards.
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